Élections présidentielles

Les programmes des candidats à la présidentielle pour l’imagerie médicale

La rédaction a voulu connaître les positions et les propositions des prétendants à l’Élysée sur les dossiers « chauds » de l’imagerie médicale. Chacun des onze titulaires des 500 signatures a reçu une série de dix questions, à laquelle il était invité à répondre par écrit. Sept d’entre eux nous ont répondu. Voici la synthèse de leurs propositions.

Le 14/04/17 à 7:00, mise à jour aujourd'hui à 15:11 Lecture 12 min.

Le prochain chef de l'État et son gouvernement devront prendre en main plusieurs gros dossiers concernant l'imagerie médicale. © romankosolapov - Fotolia / Mediapict

Début 2017, l’UNCAM a décidé de baisser les tarifs de certains actes réalisés par les radiologues, pour opérer notamment des économies, provoquant le mécontentement des radiologues. Qu’en pensez-vous ?

Plusieurs candidats soutiennent les radiologues. Nicolas Dupont-Aignan parle d’un « rabotage […] au détriment des patients et des professionnels de la santé, sans que la nature des problèmes soit véritablement réglée ». Marine Le Pen considère comme injustifié que « certains actes relevant de cette seule spécialité soient affectés par des baisses tarifaires ». Nathalie Arthaud, récuse cette logique « de rentabilité et de profits. »
À l’inverse, Benoît Hamon se dit favorable à la baisse. « Il n’est pas illogique que les caisses veuillent partager avec votre profession une part de la baisse de vos coûts de production », déclare-t-il. Il invoque les revenus des radiologues, « qui ne sont pas sans relation avec l’attractivité de votre spécialité » et un coût des investissements « à la baisse ».
Les autres candidats restent flous. François Fillon­ considère que « le levier tarifaire ne peut é­vi­demment pas être écarté par principe ». Il dit toutefois s’engager à « restaurer un échange véritable avec les professionnels ». Jean-Luc Mélenchon parle d’une « réforme visant à réduire la place du paiement à l’acte ». Il précise cependant avoir « à cœur la juste rémunération des professionnels ».

Le taux d’équipement en IRM en France ainsi que les délais d’attente pour passer un tel examen inquiètent les professionnels de santé en imagerie médicale. Le système d’autorisation pour les équipements lourds en imagerie médicale doit-il évoluer, dans son concept même et/ou son application ?

Pour plusieurs candidats, la priorité est d’augmenter le nombre de machines. « La France doit […] équiper d’urgence tous ses hôpitaux avec l’imagerie par résonance magnétique (IRM) », explique Jacques Cheminade. Pour Nathalie Arthaud, « il faut plus de machines ». Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Luc Mélenchon voient le salut dans la mutualisation des moyens. « Le regroupement de médecins de même spécialité, notamment nécessitant du matériel coûteux tels que dans votre domaine, doit être encouragé », indique le candidat de la France insoumise. Benoît Hamon, estime pour sa part que le retard d’équipement « s’est en bonne partie résorbé » ces dernières années. Il pense que le parc français est « plus récent et donc plus moderne et plus productif ». Le système d’autorisation remporte l’adhésion de Marine Le Pen. Elle souhaite que l’autorisation fasse office de contrat permettant « d’honorer le tarif sur la base duquel l’autorisation a été donnée pendant toute la durée de l’amortissement des équipements lourds ». Quant à François Fillon, il déplore « l’ajustement budgétaire » sur l’investissement Il se dit « prêt à examiner toutes les options (y compris la révision du système des autorisations) avec les professionnels concernés ».

Les radiologues souffrent, comme les autres médecins, d’une pénurie démographique. Comptez-vous agir pour pallier ce problème ?

Le numerus clausus concentre les attaques de la plupart des candidats. Jacques Cheminade et Nicolas­ Dupont-Aignan veulent le porter à 10 000. Jean-Luc Mélenchon compte recruter « 62 500 soignants et médecins à l’hôpital ». Marine­ Le Pen explique qu’elle relèvera « fortement ce numerus clausus, en le rendant compatible avec les besoins de renouvellement du corps médical, et no­tamment des médecins spécialistes ». Nathalie ­Arthaud va encore plus loin en proposant la suppression pure et simple du numerus clausus. De son côté, Benoît Hamon estime qu’il n’existe pas de solutions miracles ou immédiates. Pour ce qui est des radiologues, il reconnaît que « le déficit existe » mais estime que « la situation est notablement plus difficile dans d’autres spécialités ». D’autres solutions sont proposées. Pour répondre aux déserts médicaux, Jean-Luc Mélenchon souhaite « la création massive de centres de santé pluridisciplinaires ». François Fillon défend « un déverrouillage, dès 2017, du modèle économique des activités de télémédecine, téléconsultation et télé-expertise. La téléradiologie […] trouvera donc, enfin, un modèle économique stable et lisible pour se développer », promet-il.

D. R.

Nicolas Dupont-Aignan considère que, dans de nombreux territoires, « seule la mutualisation des moyens en imagerie peut permettre d'assurer pour tous les patients l'accès à l'ensemble des techniques d'imagerie », mais dénonce « l'hospitalocentrisme des GHT » D. R.

La loi créant les groupements hospitaliers de territoire (GHT) prévoit une mutualisation des moyens techniques et humains en imagerie médicale. Cela va-t-il dans le bon sens ?

« Bien sûr », répond Benoît Hamon, qui juge que « la mutualisation est d’autant plus nécessaire que les appareillages sont lourds coûteux et rares ». Jean-Luc Mélenchon se prononce lui aussi pour une convergence de moyens. À condition qu’elle ne se fasse pas « au prix d’une aggravation de la désertification médicale ». François Fillon voit dans les plateaux mutualisés un « outil précieux et utile », mais veut remplacer les GHT par des « groupements de santé de territoire ». Objectif : « que les professionnels libéraux et les établissements privés puissent y trouver toute leur place ».

Marine Le Pen est sur la même ligne. Elle plaide pour des « coopérations sous forme de partenariats public-privé paritaires ». Nicolas Dupont-Aignan considère que, dans nombreux territoires, « seule la mutualisation des moyens humains et matériels en imagerie peut permettre d’assurer pour tous les patients l’accès à l’ensemble des techniques d’imagerie », mais dénonce « l’hospitalo­centrisme » des GHT.

D. R.

« Le regroupement de médecins de même spécialité, notamment nécessitant du matériel coûteux tels que dans votre domaine, doit être encouragé », estime Jean-Luc Mélenchon D. R.

47 % des postes de radiologues exerçant à l’hôpital ne sont pas pourvus, d’après plusieurs représentants de la profession. Comment imaginez-vous agir pour garder les professionnels dans le secteur public ?

Pour tous les candidats qui ont répondu, la vacance des postes découle d’un manque d’attractivité de la carrière hospitalière. François Fillon, entend faire du soutien à cette dernière « une priorité du quinquennat ». Parmi les pistes d’actions possibles, il cite « une revalorisation de la rémunération des professionnels qui s’engagent pour l’hôpital ». Elle sera financée par un assouplissement du cadre de gestion des établissements, « source de gains d’efficience ». Jacques Cheminade vote lui aussi pour une hausse des rémunérations, via une revalorisation des tarifs des actes. Nicolas Dupont-Aignan propose de stopper la baisse de ces mêmes tarifs, et de réorganiser l’hôpital public « en mettant en œuvre la déconcentration budgétaire par pôles et services, pour rationaliser son utilisation ». Pour Marine Le Pen, il faut former plus de médecins pour « pérenniser les postes à l’hôpital », et faciliter les passages du public au privé. À court terme, la candidate du Front National veut enrôler les radiologues retraités pour pallier la pénurie, en lieu et place des médecins étrangers. Benoît Hamon, ne propose pas de solution concrète, mais constate que « cette situation relativise les plaintes concernant la situation difficile de la radiologie libérale. » En effet, écrit-il, « si elle allait si mal que cela, les radiologues hospitaliers ne seraient pas si nombreux à se diriger vers l’exercice libéral ».

D. R.

« Si la situation allait si mal que ça, les radiologues hospitaliers ne seraient pas si nombreux à se diriger vers l'exercice libéral », juge Benoît Hamon. D. R.

Les médecins libéraux critiquent la mise en place du système de tiers payant généralisé. Comment voyez-vous leur place dans le système de santé ?

François Filon et Nicolas Dupont-Aignan s’engagent à mettre fin à l’obligation du tiers payant généralisé. Pour le candidat Les Républicains, « celui-ci donne aux Français la dangereuse illusion que la santé est gratuite » et constitue un « symbole de la logique de renforcement de la bureaucratisation du système ». Pour Marine Le Pen, dans les cabinets de ville, le tiers payant « devra être demandé par le patient pour être appliqué, lorsque sa situation personnelle le justifie ». La candidate Front national note toutefois que « beaucoup de cabinets de groupes de radiologie » lui ont fait savoir qu’ils pratiquent le tiers payant depuis plus de 15 ans, « à leur grande satisfaction ». Jean-Luc Mélenchon, Nathalie Arthaud­ et Jacques Cheminade veulent instaurer un remboursement à 100 % des soins de santé, en supprimant le reste à charge pour les patients. « Nous maintiendrons le système qui permet aux patients de ne pas débourser d’argent », fait savoir le premier qui veut mettre fin au double système Assurance maladie/complémentaires. Même son de cloche pour Jacques Cheminade, qui entend toutefois « responsabiliser l’assuré », en lui prélevant « une somme de l’ordre de cinq euros lorsqu’il n’honore pas ses rendez-vous sans s’être décommandé ».

D. R.

À court terme, la candidate du Front National veut enrôler les radiologues retraités pour pallier la pénurie, en lieu et place des médecins étrangers. D. R.

La radiologie interventionnelle fait l’objet de nombreuses avancées en termes de traitement mini-invasif pour les patients. D’un autre côté, les radiologues déplorent le manque de remboursement dans cette spécialité. Favoriserez-vous le développement de cette discipline ? Avec les radiologues ?

Tous les candidats qui ont répondu à nos questions semblent s’entendre sur le développement de la radiologie interventionnelle, et tous promettent d’améliorer sa tarification. Jean-Luc Mélenchon dit ainsi vouloir « encourager notamment le remboursement de soins innovants permettant une prise en charge plus humaine des patients ». Marine Le Pen entend « encourager la recherche nationale dans le domaine des traitements interventionnels qui con­tribuent au développement des soins ambulatoires et revaloriser leurs tarifs à la mesure des améliorations de soins assurées ». François Fillon s’engage à définir des modalités tarifaires en faisant « le choix du dialogue avec les professionnels ».

L’article 99 de la loi de santé prévoit une possibilité pour l’UNCAM de décider unilatéralement les tarifs en imagerie lourde, en court-circuitant le conventionnement négocié avec les professionnels concernés. Qu’en pensez-vous ?

À l’unanimité, les candidats étiquetés à droite rejettent le principe de l’article 99. « Il me paraît navrant qu’un article rompant le principe d’une négociation conventionnelle ait pu être voté à l’encontre des seules spécialités d’imagerie médicale », écrit Marine Le Pen, qui s’engage à abroger cet article et « à garantir une stabilité des tarifs permettant l’opérabilité des équipements d’imagerie pour la durée de leur amortissement ». « Le mode consultatif doit devenir la norme de gestion de notre système de santé », estime Nicolas Dupont-Aignan, qui annonce vouloir réunir des « États généraux de la santé avec tous les professionnels concernés pour bâtir un régime de sécurité sociale unique » dès son élection.

Jacques Cheminade « condamne les décisions de l’UNCAM d’appliquer des baisses tarifaires en imagerie médicale ». Quant à François Fillon, s’il concède que des réformes sont nécessaires, il considère qu’elles doivent se faire dans la concertation avec les professionnels. « Nous ne pouvons plus nous permettre de pratiquer une politique de rabot budgétaire qui empêche toute stratégie d’anticipation des professionnels. C’est pourquoi je propose, tout à l’inverse, une stratégie globale de retour à l’équilibre de l’Assurance-maladie­ reposant sur 20 milliards d’euros d’économies lisibles et documentées sur la durée du quinquennat. Et c’est avec les professionnels et non contre eux que je conduirai les réformes nécessaires », écrit-il.

D. R.

François Fillon propose « une stratégie globale de retour à l'équilibre de l'Assurance maladie, reposant sur 20 milliards d'euros d'économies ». D. R.

Le décret d’actes des manipulateurs d’électroradiologie médicale prévoit la délégation possible de l’échographie par les médecins. Cela doit-il être encouragé ? Dans quel but ?

La délégation des actes aux manipulateurs semble avoir du sens pour la plupart des candidats, à condition qu’elle bénéficie au patient. « La priorité, c’est évidemment l’absolue nécessité de garantir la qualité des soins due aux patients », indique Benoît Hamon. « Cela va dans le sens d’une complémentarité des professionnels de santé. Néanmoins, cela doit être fait en maintenant la qualité des soins et en renforçant la pratique en équipes pluridisciplinaires », précise Jean-Luc Mélenchon. « C’est un moyen de répondre au manque de médecins », indique François Fillon qui précise que « les évolutions éventuelles doivent se construire avec l’ensemble des acteurs concernés ». Pour Marine Le Pen, les délégations doivent être « élaborées avec la plus grande attention entre les délégataires et les récipiendaires des tâches concernées afin d’assurer la continuation d’un service de qualité aux patients ». Jacques Cheminade promet de « garantir à ces manipulateurs un salaire plus élevé ». Parmi les répondants, seul Nicolas Dupont-Aignan se déclare contre ce dispositif : « Je refuse cette dérive qui dévalorise les professions de santé et je m’oppose à toute politique d’accès partiel à une profession réglementée. »

[contenu_encadre img= » » titre= »Ceux qui n’ont pas répondu » contenu= »Ils sont quatre à ne pas avoir répondu à nos questions : François Asselineau, Jean Lassale, Emmanuel Macron et Philippe Poutou. Pour les uns, il s’agissait d’un manque de temps. Pour les autres, une sollicitation trop importante de la part des médias. Bien évidemment, tous ont rédigé un programme pour la santé publique, disponible sur leurs plaquettes et leurs site internet. Mais aucun ne s’exprime de façon précise sur l’imagerie médicale. Nous avons donc choisi de ne pas évoquer leur programme.  » auteur= » » legende= » » credit= » »]

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Benjamin Bassereau

Directeur de la rédaction BOM Presse Clichy

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