Afin d’entreprendre des réflexions sur la formation des radiologues dans l’Union européenne (UE) et sur les effectifs nationaux souhaitables de la profession, le projet EU-REST (acronyme de European union radiation, education, staffing & training study) [1] a travaillé pendant deux ans à collecter et analyser les effectifs professionnels et la formation initiale des radiologues dans toute l’Union européenne (UE). Les résultats de ce travail sont parus le 15 mars dans Insights into Imaging [2].
Un sondage exhaustif largement diffusé
Les données ont été recueillies par les investigateurs du projet EU-REST grâce à un sondage principal comprenant 458 questions et transmis à environ 270 contacts d’organisations professionnelles et d’autorités compétentes nationales impliquées dans l’utilisation médicale de rayonnements ionisants. Ces questions concernaient la démographie des professionnels répondants (dont les radiologues), leur formation et la disponibilité en équipement médical. Il n’était pas nécessaire de répondre à chaque question.
186 réponses collectées
En tout, 186 réponses ont été collectées, la plupart provenant des sociétés professionnelles nationales. Parmi ces organismes professionnels contactés, on compte notamment les différentes sociétés nationales de la Société européenne de radiologie (ESR), la Fédération européenne des organisations de physique médicale (EFOMP), la Fédération européenne des sociétés de manipulateurs radio (EFRS), la Société européenne de radiothérapie et d’oncologie (ESTRO), et l’Association européenne de médecine nucléaire (EANM). L’analyse des réponses a été complétée par les données d’OECD.STAT, base de données contenant la population, ou encore le nombre de lits d’hôpital pour 100 000 habitants des états membres de l’UE.
La France légèrement au-dessus de la densité européenne…
Selon les résultats du sondage principal, il y a 60 771 radiologues en Europe, avec une densité moyenne de 127 radiologues par million d’habitants. La France est à peine au-dessus de cette moyenne, le premier pays à la surpasser avec 131 radiologues par million d’habitants. La densité nationale de praticiens varie de façon importante entre pays, allant de 51 en Bulgarie à 270 en Suède, avec une médiane à 115. À titre d’illustration, les auteurs soulignent que cinq pays de l’UE avec des populations voisines (environ 10 millions d’habitants) varient du simple (Hongrie) au quadruple (Grèce, Suède) en effectif de radiologues.
… mais marquée par des effectifs vieillissants
Une autre grande disparité démographique entre pays européens réside dans le profil d’âge des radiologues. Ainsi, là où seuls 5 % des praticiens à Malte et en Bulgarie devraient partir à la retraite dans les cinq ans suivant 2022 (en considérant une retraite à 66 ans), ils sont 35 % en Lettonie, 26 % en Suède et Tchéquie, 24 % en Estonie, et… 22 % en France. « Il y a neuf pays qui vont perdre plus de professionnels par départ à la retraite que la moyenne européenne de 19 % », notent les auteurs, qui indiquent également que sept pays (Tchéquie, Estonie, France, Hongrie, Italie, Lettonie et Suède) comptent plus de 50 % de radiologues de plus de 51 ans. Parmi eux, la France a la plus forte proportion de 51 ans et plus, représentant 61 % de ses effectifs.
Cinq ans de formation, conformes aux recommandations de l’EU-REST
Concernant la formation, la France est dans la moyenne avec ses cinq ans d’internat : aujourd’hui, ces durées varient de quatre ans à six ans suivant les pays. Les recommandations du projet EU-REST, énoncées à l’issue de l’analyse de la situation existante européenne en formation [3], proposent aussi une formation de spécialité de 5 ans en radiologie. La nécessité d’une certification en radioprotection varie suivant les pays pour les radiologues.
Densité d’IRM dans la moyenne
Enfin, les données extraites des sondages recueillis et de la base de données EUROSTAT indiquent que 10 590 scanners sont en service dans l’UE, soit une moyenne de 25 appareils par million d’habitants. Côté IRM, 7 736 machines sont recensées dans l’UE, soit une moyenne de 16 par million d’habitants. La France se place sous la moyenne en densité de scanners, avec 19 appareils par million d’habitants, mais légèrement au-dessus de la moyenne en densité d’IRM (17 par million d’habitants).
Densités largement indisponibles hors scanners et IRM
En revanche, les données sont indisponibles pour de nombreux pays – dont la France – concernant la densité en machines de radiographie (moyenne de l’UE à 146/million d’habitants, sur 7 pays répondants), en mammographes (23/million d’habitants, sur 24 pays répondants), en suites angiographiques ou interventionnelles (21/million d’habitants, sur 9 pays répondants), et en unités mobiles de radiologie (67/million d’habitants, sur 4 pays répondants).
« Une grande hétérogénéité entre états membres »
Malgré les limites de leur approche dépendant de sondages et de bases de données européennes non contrôlées, les auteurs défendent l’importance de leur travail : « À notre connaissance, il s’agit de la première étude visant à caractériser la disponibilité de la main-d’œuvre des professionnels de santé impliqués dans l’utilisation des rayonnements ionisants pour les procédures diagnostiques et thérapeutiques et l’éducation et la formation correspondantes en matière de radioprotection, concluent-ils. Cet article présente spécifiquement les données qui s’appliquent aux radiologues. Nos résultats démontrent clairement qu’il existe une grande hétérogénéité entre états membres, tant au niveau de la main-d’œuvre que de la formation. »

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