Dans le milieu médical, où la charge de travail augmente, l’épuisement professionnel fait partie des menaces qui guettent les soignants. Le 15 octobre, lors d’une session des Journées francophones de radiologie consacrée à cette problématique, Philippe Douek, radiologue à l’hôpital Louis-Pradel de Lyon, a décrit les premiers signes qui doivent alerter les professionnels de santé et leur entourage sur un possible burnout. Ce syndrome est défini comme un état d’épuisement physique, émotionnel et mental, lié à une longue exposition à des situations de stress au travail.
Les signes du burnout
« Dans les services, nous sommes confrontés à des gens qui commencent à devenir irritables et à se recroqueviller sur eux-mêmes, explique-t-il. Ils se plaignent d’une grande fatigue ou font preuve de cynisme. Certains se mettent à somatiser, avec des douleurs chroniques comme des lumbagos ou des migraines. » Pour évaluer cet état, une psychologue américaine, Christina Maslach, a mis au point un questionnaire, le Maslach Burnout Inventory (MBI). Il permet de calculer un « score d’épuisement professionnel ».
Des conséquences pour les soignants et les soignés
Depuis quelques années, le tabou qui entoure l’épuisement des professionnels de santé semble s’atténuer. Le sujet se retrouve souvent abordé lors de conférences. La prise en considération de ce syndrome se fait de plus en plus grande car le burnout a non seulement des effets délétères sur la santé des soignants, mais, par ricochet, peut aussi avoir un impact sur celle des patients. « Cet épuisement professionnel engendre une diminution de la productivité, qui peut entraîner une baisse de la qualité des soins, alerte Philippe Douek. Cela va devenir un enjeu de santé publique extrêmement important si l’on ne fait pas attention. »
Plus de pression sur les jeunes générations
Pour illustrer la prévalence du burnout parmi les radiologues, l’intervenant cite les résultats d’une étude publiée cette année par la Société américaine de radiologie musculosquelettique : « Les résultats montrent que 61% des répondants présentent un épuisement émotionnel au travail. 53% montrent des signes de dépersonnalisation et environ 40% estiment qu’ils n’arrivent pas à s’accomplir professionnellement », détaille Philippe Douek. Globalement, 20% des répondants réunissent ces trois critères qui définissent le burnout. 80% d’entre eux présentent au moins un des trois critères. « L’étude montre également qu’il y a plus de problèmes en pratique libérale qu’en pratique académique. Elle ne relève par ailleurs pas de différence entre les hommes et les femmes. Enfin, les auteurs notent que l’épuisement au travail survient plutôt chez les jeunes générations car la pression sur eux est plus importante. »
Reconnaître la qualité du travail des médecins
Pour prévenir des situations de burnout, le radiologue lyonnais propose des grilles d’évaluation de l’activité. Elles se basent sur une harmonisation de l’ouverture et de la fermeture des équipements et un temps moyen par examen défini. « À partir de là, je pense qu’il est important de définir des règles de mesures et d’adaptation du temps médical, entre l’urgence et l’activité réglée, souligne-t-il. Ce qui est aussi important, c’est de reconnaître que l’activité des radiologues n’est pas simplement de la production. C’est aussi de l’activité d’expertise, de radioprotection, d’enseignement et de recherche. » L’épanouissement des radiologues passe également par leur participation à l’organisation du service et par la reconnaissance de la qualité du travail. « Il faut sortir de ce cercle infernal, insiste Philippe Douek. L’important n’est pas de savoir si vous avez fait 500, 1000 ou 2000 scanners mais comment vous soignez vos malades et quelle qualité diagnostique vous apportez. »
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