Évolution technologique

Le renouvellement des équipements lourds tous les 7 ans est-il encore pertinent ?

La durée de l'amortissement des équipements lourds est calculée sur 7 ans. Cette durée est-elle encore adaptée aux enjeux et aux réalités du terrain de l'imagerie médicale ? Trois radiologues nous répondent.

Le 01/03/24 à 7:00, mise à jour le 05/03/24 à 15:06 Lecture 5 min.

La durée de l'amortissement des équipements lourds est calculée sur 7 ans. Cette durée est-elle encore adaptée aux enjeux et aux réalités du terrain de l'imagerie médicale ? © C. F.

« Selon moi, la durée de vie idéale d’une machine serait de cinq ans. Ce serait un bon compromis »

Corinne Balleyguier

Cheffe du service d’imagerie médicale au centre Gustave-Roussy

Villejuif (94)

Je pense que cette durée de sept ans est trop longue parce qu’on voit de telles différences sur ce laps de temps. En sept ans, il y a des bonds technologiques sur certaines techniques, par exemple sur le scanner à comptage photonique que nous avons installé l’année dernière à Gustave-Roussy.
Selon moi, la durée de vie idéale d’une machine serait de cinq ans. Ce serait un bon compromis. Dans notre centre, nous faisons un gros upgrade à un peu plus de la moitié de la durée de vie des machines, donc entre quatre et cinq ans. Quand on investit dans une machine, il faut vraiment penser au contrat de maintenance. Aujourd’hui, il y a des constructeurs qui proposent d’avoir les dernières fonctionnalités qui sont incorporées au fur et à mesure des maintenances.
S’il y avait un conseil à donner, je dirais qu’il ne faut pas lésiner sur les tarifs des contrats de maintenance qui intègrent toutes les dernières fonctionnalités. Il nous est déjà arrivé d’acheter la version X d’un logiciel au moment de l’installation et trois mois plus tard, la version Y sortait et on nous demandait de rajouter 40 000 euros alors qu’on venait juste d’acheter la machine. Sur cette problématique de la durée de vie, je trouve que nous avons de la chance en France par rapport à d’autres pays. Ce forfait technique qui tombe au bout de sept ans incite les radiologues à s’équiper en machines plus récentes et donc plus adaptées avec les technologies, au fur et à mesure de l’évolution. Ce n’est pas le cas par exemple aux États-Unis, où il y a des machines très anciennes dans certains centres.

« Les équipements se modifient très vite et il y a des améliorations sur chaque génération de machines »

Jean-Christophe Delesalle

Radiologue libéral à Saint-Martin-Boulogne (62)

Secrétaire général de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR)

Si on est technophile et que l’on s’attache purement à l’évolution de nos machines, il est certain que l’on pourrait envisager de réduire ce délai à cinq ans. Les équipements se modifient très vite et il y a des améliorations sur chaque génération de machines.
Il faut prendre en considération que sur une période de sept ans, il est possible d’upgrader les machines par le biais de certaines améliorations techniques proposées dans le cadre des contrats de maintenance, que ce soit sur du hardware ou du software. Mais en réalité, seules les évolutions mineures de fonctionnalités existantes sont incluses dans ces contrats, et il faudra souvent remettre la main au portefeuille pour des évolutions plus conséquentes. Par exemple, l’intelligence artificielle a fait énormément de progrès pour l’amélioration notamment de certaines IRM, et sur une période de sept ans, on a de quoi faire évoluer nos machines.
Nous avons également des contraintes administratives qui sont celles du régime des autorisations d’équipements lourds. Certes, elles ont été un peu allégées et améliorées par le nouveau régime des autorisations, mais il ne faut pas se leurrer : on ne va pas tous passer d’un à deux équipements ou de deux à trois équipements, parce que nous sommes quand même confrontés à un frein majeur, qui est celui de la pénurie démographique, à la fois médicale et paramédicale.
Un autre obstacle est celui des contraintes budgétaires, avec le fameux article 99 qui heureusement a été supprimé après une lutte de longue haleine de la FNMR. Cette suppression s’est faite par la négociation avec les pouvoirs publics sur l’intégration des produits de contraste dans les forfaits techniques partiellement revalorisés et l’absence de dévalorisation de nos actes. Idéalement, sur les équipements lourds, il faudrait pouvoir passer de sept à cinq ans et qu’on nous laisse choisir nos installations sur la base d’un projet médical d’une équipe de radiologues. Nous avons une tendance « culturelle » à renouveler nos machines assez régulièrement car nous voulons être à la pointe de la technologie afin de pouvoir rendre service à nos patients dans des meilleurs délais.

« Il y a toujours le rapport entre l’envie permanente de profiter des nouvelles technologies et la réalité financière »

Christian Fortel

Radiologue libéral aux CMSM

Meaux (77)

Sur l’imagerie en coupes, que ce soit le scanner ou l’IRM, les renouvellements se font plutôt autour de cinq ans. L’investissement est quand même important et il est souvent optimisé sur cinq ans, donc il y a une logique financière. Ensuite, il y a une logique technique. Le cycle d’évolution de la technologie fait qu’en cinq ans, il y a beaucoup d’évolutions, sur l’informatique. Il y a aussi une amélioration de la qualité des antennes des IRM et des détecteurs en scanner qui fait qu’au bout de cinq ans, techniquement, on a la possibilité d’avoir une machine plus haut de gamme. Cette durée de cinq ans est optimale, et c’est ce qu’on a toujours fait avec mes associés pour les équipements lourds. Il arrive parfois que nous gardions les échographes un petit peu plus longtemps, car le fossé technique n’est pas forcément aussi évident que sur l’imagerie en coupes. De toute façon, même au bout de cinq ans, un appareil reste d’actualité. On pourrait très bien continuer de travailler avec, mais il y a quand même toujours eu une évolution technique à chaque fois que nous avons a changé nos machines. On voit la différence en qualité d’image et sur les logiciels.
En imagerie, il y a toujours le rapport entre l’envie permanente de profiter des nouvelles technologies et la réalité financière, donc il faut jouer sur les deux tableaux. Pour les forfaits techniques, il y a toujours un effet d’opportunité qui fait que lorsqu’on change une machine, en général, le changement a lieu en milieu d’année, parce cela permet de repartir sur des forfaits techniques pleins.

Auteurs

Carla Ferrand

Journaliste cheffe de rubrique

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