Imagerie à distance

Faut-il développer la télé-échographie ?

L’essor de la télé-échographie pourrait faciliter l’accès aux soins pour les patients et réduire les coûts pour les hôpitaux, mais les solutions sont chères ou posent des problèmes de prérogatives pour les radiologues.

Le 07/08/17 à 15:00, mise à jour hier à 14:16 Lecture 2 min.

Les solutions de télé-échographie existent mais, pour certains observateurs, leur coût les rend difficiles d'accès pour les établissements. © Carla Ferrand

Dans un rapport rédigé en 2014, Élisabeth Parizel, radiologue, et Philippe Marrel, neurologue désignent l’échographie comme un frein au développement de la téléradiologie. « L’absence pénalisante d’un protocole de télé-échographie […] impose le maintien des astreintes de sécurité sur les sites lors de la prise d’une vacation par téléradiologie », écrivent-ils. En clair : un radiologue doit rester sur place pour assurer les actes d’échographie. « C’est cher et crispant », commente Élisabeth Parizel.

La technique existe

Face à cette situation, le document propose plusieurs pistes. L’une d’entre elles est la mise en place d’expérimentations techniques et organisationnelles. Il s’agit d’utiliser des robots ou de transmettre les images par vidéo. Des constructeurs proposent ce type d’appareils. Certains services, comme celui de l’hôpital Yves-Lanco à Belle-Île-en-Mer ont déjà choisi de s’en équiper. Un manipulateur reçoit et installe les patients et un radiologue actionne la sonde et visionne les images à distance.  

Mais les coûts restent élevés

Ces appareils permettent de maintenir l’accès aux soins pour les patients dans les zones dépourvues de médecin. Pour les constructeurs, ils sont aussi une source d’économies. Certains observateurs jugent cependant leur coût prohibitif. « Avec les budgets tendus de nos hôpitaux, il sera difficile de convaincre les directeurs d’investir », estime Jacques Albisetti, coordonnateur national du groupe téléradiologie de la Société française de radiologie.

Former les autres spécialistes

Une autre solution pourrait être de former d’autres spécialistes à l’échographie. Le rapport sur la téléradiologie en Lorraine préconise ainsi d’introduire la modalité dans le cursus initial des pédiatres. Il propose aussi de généraliser l’obtention du DU d’échographie dans la formation des urgentistes. « Ça me paraît pertinent », commente Jacques Albisetti. Il y met tout de même un bémol : « Ces solutions font perdre aux radiologues la main sur l’échographie. C’est délicat, alors que les neurologues et les cardiologues revendiquent l’imagerie en coupes… »

La solution des manipulateurs radio ?

De même, l’idée de confier la réalisation des échographies aux manipulateurs pourrait heurter la sensibilité des spécialistes en imagerie médicale. Dans un entretien accordé à Docteur Imago, Fabien Voix, président de l’Association française des manipulateurs d’électroradiologie médicale, décrit comme possible la délégation complète de l’échographie. « On pourrait imaginer que le manipulateur fasse l’examen de A à Z, y compris le compte rendu et pas uniquement le recueil de signal ». Il faudrait alors modifier le décret d’actes des manips, qui les autorise à recueillir les images, à condition qu’un médecin puisse intervenir rapidement 1. « Il est beaucoup plus simple de recruter une sage-femme qui serait formée à l’échographie générale, rétorque Jacques Albisetti, qui s’inquiète, là encore, des réactions de ses confrères. « À la SFR, nous sommes mal à l’aise vis-à-vis de la télé-échographie, reconnaît-il. D’un côté, elle pourrait alléger la pénibilité du métier mais il faut rester vigilants pour ne pas perdre nos prérogatives. » La question reste donc en suspens. L’évolution de la démographie des radiologues risque pourtant bien de les forcer à surmonter leurs réticences.

Notes

1. Ils doivent aussi être titulaires d’un diplôme dont la liste doit encore être fixée par arrêté.

Auteurs

Jérome Hoff

Rédacteur en chef adjoint

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