Le burnout, en français « syndrome d’épuisement professionnel », frappe aussi les professionnels de santé. Une des sessions des Journées francophones de radiologie (JFR) d’octobre 2016 s’est intéressée à sa prévalence et ses conséquences chez les radiologues. Une tâche difficile. « Aujourd’hui encore, pour les médecins, demander de l’aide reste un vrai problème lié à leur mode d’éducation, qui les oblige à étouffer leurs besoins et les retient de se « en difficulté » ou « en souffrance », explique Max-André Doppia, secrétaire général adjoint du Collège français des anesthésistes réanimateurs, responsable de la commission santé du médecin anesthésiste réanimateur (SMART) et anesthésiste-réanimateur au CHU de Caen. De plus, constate-t-il, « 60 % des praticiens hospitaliers et 100 % des médecins libéraux ne fréquentent pas la médecine du travail de manière assidue. Et 80 % des médecins n’ont pas de médecins traitants ».
Une relation troublée avec le travail
« Le burnout, ou syndrome d’épuisement professionnel, n’est pas une maladie, décrit-il. C’est un état, une relation troublée avec son travail. Il existe alors un épuisement des ressources et, sous l’effet de sources de stress essentiellement chroniques, vous aboutissez à un état détérioré en rapport avec le travail. […] Quand le travail devient souffrance, cela peut devenir très dangereux. »
Un taux élevé chez les radiologues
Une étude de 2016 [1] indique que les cas de burnout sont nombreux chez les radiologues, notamment ceux qui pratiquent le radiodiagnostic. Ils le sont moins chez les radiothérapeutes. « Les radiologues ont des problématiques à régler comme l’identité du métier, la dématérialisation de l’acte avec la télémédecine, la téléradiologie, l’arrivée de robots qui dépisteront bientôt des tumeurs qu’ils ne voient pas », justifie Max-André Doppia. Ils doivent d’adapter, dans un environnement où les technologies se développent rapidement, avec une démographie peu satisfaisante. « Il est important de dépister le syndrome burn-out. Des tests sont accessibles en ligne sur le site de la CFAR », souligne le spécialiste.
36 % dans la « zone de danger »
Une enquête a été menée pendant les JFR. Toutes les personnes inscrites ont reçu un lien vers deux questionnaires anonymes, le test Alcool-face et le test Maslach, qui mesure le syndrome d’épuisement professionnel. « 69 fiches ont été complétées pour le test alcool et 30 % des répondants ont une consommation problématique sans dépendance. 86 personnes ont répondu au test sur le burnout. Le score moyen est de 27, soit dans la zone où il faut faire attention et 36 % sont dans la zone de danger », rapporte Max-André Doppia. À l’analyse de ces résultats, le profil libéral semble moins à risque que le profil secteur public. Quant à la variable temps de travail, elle ne semble pas déterminante car 3 % des personnes travaillant moins de 35 heures par semaines sont en burn-out moyen ou sévère. 12 % des personnes travaillant 45 à 48 heures par semaine sont en burnout moyen et 9 % en burn-out sévère. Le score moyen « d’accomplissement personnel » au travail est de 31,86. Il est situé en zone dangereuse. 49 des personnes ayant répondu sont en zone dangereuse et seulement 8 % s’épanouissent au travail. « Ces données encouragent à revisiter les organisations de travail, la finalité, le sens que chacun y trouve », conclut Max-André Doppia.
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