Radiobiologie

Pourquoi et comment prendre en compte la radiosensibilité individuelle en radiodiagnostic ?

icon réservé aux abonnésArticle réservé aux abonnés
Nicolas Foray Le 13/06/22 à 15:00, mise à jour le 11/09/23 à 13:30 Lecture 11 min.

Ainsi, aujourd’hui, la littérature montre clairement que nous ne sommes pas égaux face aux radiations et que les individus à risque de cancer spontané sont également à risque de cancers radio-induits (radiosusceptibilité) même aux faibles énergies et doses utilisées dans le radiodiagnostic (photo d'illustration). © Benjamin Bassereau

Résumé

Depuis février 2019, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), à travers sa décision n° 2019-DC-0660 fixant les obligations d’assurance de la qualité en imagerie médicale, recommande la prise en compte de la réponse individuelle pour une meilleure justification des actes ionisants. C’est notamment la première fois dans le droit français qu’apparaît la notion de radiosensibilité individuelle, à travers son article 7 où il est question « des personnes à risque, dont les femmes en capacité de procréer, les femmes enceintes et les enfants, ainsi que les personnes atteintes de maladies nécessitant des examens itératifs ou celles présentant une radiosensibilité individuelle ». C’est l’occasion de faire le point sur cette question.

Un rappel sémantique

Il est tout d’abord nécessaire de faire un bref rappel sur les termes employés. Ici, le terme « radiosensibilité individuelle » doit être compris dans son sens le plus large, c’est-à-dire celui d’une réponse individuelle anormale aux radiations. Toutefois, à travers l’histoire de la radioprotection et de la radiobiologie, ce terme a été la source de bien des confusions. À l’origine, ce sont les pionniers des radiations qui l’ont défini pour décrire les réactions tissulaires. Malheureusement, dans les années trente, le terme radiosensibilité désigna également le risque de cancers radio-induits (ex : « le sein est radiosensible » pour décrire les cancers du sein) puis le risque de vieillissement radio-induit (ex : « l’œil est radiosensible » pour décrire les cataractes) [1]. Comme nous l’avons déjà écrit dans l’article intitulé « Les enfants sont-ils plus radiosensibles que les adultes », paru le 20 décembre 2021 sur docteurimago.fr, il était nécessaire, pour éviter l

Il vous reste 94% de l’article à lire

Docteur Imago réserve cet article à ses abonnés

S'abonner à l'édition
  • Tous les contenus « abonnés » en illimité
  • Le journal numérique en avant-première
  • Newsletters exclusives, club abonnés

Abonnez-vous !

Docteur Imago en illimité sur desktop, tablette, smartphone, une offre 100% numérique

Offre mensuelle 100 % numérique

23 €

par mois

S’abonner à Docteur Imago

Auteurs

Nicolas Foray

Directeur de recherche INSERM

Unité INSERM UA8 « Radiations : Défense, Santé, Environnement »

Centre Léon-Bérard

Lyon

Bibliographie

  1. Britel M., Bourguignon M, Foray N., « Radiosensitivity: a term with various meanings at the origin of numerous confusions. A semantic analysis », International Journal of Radiation Biology, 2018, vol. 94, n° 5, p. 503-512.
  2. Foray N., Bourguignon M., Hamada N., « Individual response to ionizing radiation », Mutation Research. Reviews in Mutation Research, octobre-décembre 2016, vol. 770, p. 369-386. Epub 4 septembre 2016. DOI : 10.1016/j.mrrev.2016.09.001.
  3. El-Nachef L., Al-Choboq J., Restier-Verlet J. et coll., « Human radiosensitivity and radiosusceptibility: what are the differences? », International Journal of Molecular Sciences, juillet 2021, vol. 22, n° 13 : 7158. DOI : 10.3390/ijms22137158.
  4. Pijpe A., Andrieu N., Easton D. F. et coll., « Exposure to diagnostic radiation and risk of breast cancer among carriers of BRCA1/2 mutations: retrospective cohort study (GENE-RAD-RISK) », British Medical Journal, septembre 2012, vol. 345 : e5660. DOI : 10.1136/bmj.e5660.
  5. Devic C., Bodgi L., Sonzogni L. et coll., « Influence of cellular models and individual factor in the biological response to chest CT scan exams », European Radiology Experimental, mars 2022, vol. 6, n° 1 : 14. DOI : 10.1186/s41747-022-00266-0.
  6. Devic C., Bodgi L., Sonzogni L. et coll., « Influence of cellular models and individual factor in the biological response to head CT scan exams » European Radiology Experimental, avril 2022, vol. 6, n° 1 : 17. DOI : 10.1186/s41747-022-00269-x.
  7. Colin C., Devic C., Noël A. et coll., « DNA double-strand breaks induced by mammographic screening procedures in human mammary epithelial cells », International Journal of Radiation Biology, novembre 2011, vol. 87, n° 11, p. 1103-1112. Epub 19 septembre 2019. DOI : 10.3109/09553002.2011.608410.
  8. Joubert A., Biston M. C., Boudou C. et coll., « Irradiation in presence of iodinated contrast agent results in radiosensitization of endothelial cells: consequences for computed tomography therapy », International Journal of Radiation Oncology, Biology, Physics, août 2005, vol. 62, n° 5, p. 1486-1496. DOI : 10.1016/j.ijrobp.2005.04.009.
  9. Dubousset J. (rapporteur), au nom d’un groupe de travail, « De l’usage des Rayons X en radiologie (diagnostique et interventionnelle), à l’exclusion de la radiothérapie. Rapport et recommandations », Bulletin de l’Académie Nationale de Médecine, novembre-décembre 2016, vol. 200, n° 8-9, p. 1693-1707. DOI : 10.1016/S0001-4079(19)30579-5.

Discussion

Aucun commentaire

Laisser un commentaire

Sur le même thème

Le fil Docteur Imago

7:30

Le Sénat a adopté le 19 novembre un amendement gouvernemental au PLFSS 2025 qui prévoit d'exonérer de cotisations pour l'assurance vieillesse les médecins en situation de cumul emploi-retraite qui exercent dans les zones sous-denses. La Caisse autonome de retraite des médecins français (CARMF) s'alarme dans un communiqué des conséquences de cette mesure.

13:31

Un réseau de neurones convolutifs (CNN) a été entraîné à détecter automatiquement les zones floues en mammographie dans des régions pertinentes pour le diagnostic. Ce modèle, s'il était implémenté en pratique clinique, pourrait fournir un retour utile aux MERM afin de réaliser rapidement de meilleures prises de vue qui soient de haute qualité, selon une étude rétrospective.

7:31

Un état de l'art en français sur la biopsie pulmonaire percutanée sous scanner présentant ses indications, ses contre-indications et les bonnes pratiques dans ce domaine a été publié le 14 novembre en accès libre dans le Journal d'imagerie diagnostique et interventionnelle.
Docteur Imago

GRATUIT
VOIR