Élections

Les enjeux de la présidentielle pour l’imagerie médicale

Les 23 avril et 7 mai, les Français éliront leur nouveau président de la République. Ce rendez-vous électoral est porteur d'enjeux de santé publique, tant au niveau des finances que de l’accès au soin ou de la médecine libérale, dont certains concernent spécifiquement l’imagerie médicale. Un tour des principaux dossiers.

Le 09/03/17 à 8:00, mise à jour aujourd'hui à 14:15 Lecture 4 min.

Le prochain chef de l'État et son gouvernement devront prendre en main plusieurs gros dossiers concernant l'imagerie médicale. Par Rama (travail personnel) [CeCILL or CC BY-SA 2.0 fr],

Les remboursements des actes

Depuis 2012, le Gouvernement a engagé une politique de réduction du « trou de la sécu ». En 2017, l’Assurance maladie supportera le plus gros de l’effort : la loi de financement de la sécurité sociale prévoit 4,1 milliards d’euros d’économies. Dans cette politique, l’imagerie médicale est en première ligne. En janvier, l’Union nationale des caisses d’Assurance maladie (UNCAM) a annoncé la suppression d’une des majorations de tarif pour les actes de radiographie et la baisse de 2 % des forfaits techniques d’imagerie scanner, IRM, et TEP. Objectif : 50 millions d’économie.

Les syndicats de radiologues et de médecins dénoncent les effets de ces mesures sur les achats de nouvelles machines. « À l’échelon international, la France est très en retard et très sous équipée, notamment en IRM et cela ne va pas s’arranger. Les délais de rendez-vous vont s’accroître, nous allons avoir des retards de diagnostic », prophétisait fin janvier Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Les radiologues déplorent aussi que les actes d’imagerie interventionnelle ne soient pas suffisamment côtés. Certains candidats restent dans cette logique de réduction de dépenses, en divergeant sur les postes d’économie, d’autres pas.

Les autorisations pour les équipements lourds

Tous les ans, une partie de la profession et des industriels, notamment le Syndicat national de l’industrie des technologies médicales (SNITEM), s’inquiètent du manque d’équipements lourds en France et surtout des IRM. Pour le SNITEM, la faute en revient en partie au régime d’autorisation. Pour installer une machine d’imagerie lourde, il faut en effet obtenir l’accord des Agences régionales de santé. L’article 204 de la loi de modernisation de notre système de santé, promulguée le 26 janvier 2016, autorise le Gouvernement à prendre par voie d’ordonnance, dans un délai de deux ans, des mesures visant à moderniser et simplifier ce régime d’autorisation. Cette mesure sera-t-elle décidée avant l’élection ? Si ce n’est pas le cas, que décidera la nouvelle majorité ?

La crise de l’hôpital

Les radiologues, comme d’autres spécialistes, désertent l’hôpital public. 47 % des postes ne seraient pas pourvus.  Pour Jacques Albisetti, membre de la Société française de radiologie, cette situation s’explique en partie par les coupes budgétaires. Un plan triennal de 3 milliards d’euros d’économies de 2015 à 2017, prévoit en effet des réductions du nombre de lits et de la masse salariale. Conséquence : « La forte progression des passages aux urgences dans un contexte de manque de lits provoque un surcroît de travail, non valorisé à ce jour », assurait le radiologue aux dernières Journées francophones de radiologie. De plus en plus débordés, estimant qu’ils ne peuvent plus faire leur travail correctement, des radiologues partent dans le privé et d’autres sont la proie du burnout.

La désertification médicale

L’hôpital public n’est pas le seul à manquer de médecin. La démographie est inégale en France et déficitaire dans les zones rurales ou les petites villes. « Si on dénombre 798 médecins pour 100 000 habitants à Paris, ils ne sont que 180 pour 100 000 habitants dans l’Eure », rapporte ainsi le site gouvernement.fr. Les radiologues n’y échappent pas. Beaucoup s’apprêtent à prendre leur retraite et ne trouveront pas toujours de remplaçant. Les mutualisations de services au sein des groupements hospitaliers de territoires, ainsi que le nouveau décret d’actes des manipulateurs d’électroradiologie médicale pourraient régler une partie du problème en facilitant l’exercice de la téléradiologie, mais la pénurie de radiologues reste l’un des gros dossiers de cette campagne électorale. D’autant que le numerus clausus des étudiants en médecine ne compense pas ces départs en retraite.

Le tiers payant généralisé

La loi de modernisation de notre système de santé prévoit la généralisation progressive du tiers payant pour la part de l’assurance maladie d’ici à la fin de l’année 2017. Dans leur grande majorité, les syndicats de médecins sont contre. Ils redoutent une surcharge de travail administratif, craignent d’avoir du mal à récupérer leur argent auprès des caisses et des mutuelles, ainsi qu’une déresponsabilisation des patients, qui n’auront plus rien à avancer. Dans un entretien donné au à la Confédération des syndicats médicaux français, Jean-Philippe Masson, président de la fédération national des médecins radiologues, dénonçait le caractère obligatoire du dispositif comme le fruit d’ « une volonté politique démagogique ». Certains candidats annoncent son abandon, d’autres son maintien.

La place des libéraux dans le système de santé

Autre grand dossier, plus général : celui de la place donnée aux médecins libéraux et hospitaliers dans le système de santé. Pour des organismes comme la CSMF, la politique de l’actuelle majorité favorise l’hôpital au détriment de la médecine de ville. Dans un communiqué du 13 février, la Confédération s’indigne ainsi de l’ « étatisation » de la médecine qui se dessine à travers la baisse des remboursements en radiologie annoncés par l’UNCAM en janvier, hors du cadre conventionnel, qu’elle estime « le seul garant d’une médecine libérale et sociale, accessible à tous ». Les programmes des candidats divergent beaucoup sur le rôle donné aux libéraux.

Auteurs

Virginie Facquet

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