« Nous avons la responsabilité d’assurer la permanence des soins »
Grégoire Bornet
Radiologue
« Notre premier objectif est d’être prêts quand le pic épidémique arrivera et d’être réactifs pour honorer la présence médicale et paramédicale. Nous sommes en lien en permanence avec l’agence régionale de santé (ARS) et l’hôpital privé d’Antony (HPA) qui est doté d’un service de réanimation. Nous avons des réunions quotidiennes avec la CME de l’hôpital afin d’évaluer les besoins.
L’autre objectif est de maintenir les examens d’imagerie pour les patients qui en ont besoin. Nous savons que la crise arrive mais nous devons continuer à faire les examens urgents, par exemple la recherche d’embolies pulmonaires ou de syndromes péritonéaux, ou les scanners thoracoabdominopelviens qui conditionnent une chimiothérapie. Les patients malades et hospitalisés, et les urgences ne doivent pas être occultés par la problématique COVID. Nous avons donc réorganisé notre activité en proposant cette accessibilité aux examens urgents et indispensables. Nous avons la responsabilité d’assurer la permanence des soins, d’autant que beaucoup de cabinets aux alentours sont en train de fermer. Pour les examens non urgents, les gens font preuve de bon sens, ils décommandent. »
« Nous avons fait de la pédagogie auprès des urgentistes et des réanimateurs »
Romain Pommier
Radiologue
« Nous suivons les recommandations de la Société française de radiologie (SFR) pour les indications du scanner thoracique. Pour les patients qui ont une forte suspicion de COVID ou COVID avérés qui présentent des symptômes de gravité (défaillance respiratoire, désaturation, dyspnée), le scanner est indiqué pour faire le bilan de l’étendue des lésions pulmonaires. Il est aussi indiqué pour le diagnostic différentiel chez des patients pour lesquels on suspecte une autre pathologie, comme une pneumopathie bactérienne, une embolie pulmonaire, un pneumothorax, etc. Enfin, le scanner est utilisé chez les patients COVID avérés avec un terrain fragile (immunodépression, hémodialyse, maladie cardiaque, etc.)
Dès les premiers jours de l’épidémie, une de nos priorités a été de faire le point avec les urgentistes et les réanimateurs car ils ne connaissaient pas les recommandations pour les demandes d’examens. Nous avons donc fait un travail de pédagogie sur les bonnes pratiques en imagerie.
Dans notre centre d’imagerie, il y a deux radiologues spécialisés en imagerie thoracique, mais nous sommes tous amenés à participer aux interprétations des scanners urgents avec des patients COVID. La formation a lieu entre nous avec les recommandations des sociétés savantes qui circulent. On se montre les cas et on affine nos connaissances sémiologiques. »
« Nous avons mis en place une cellule de crise »
Carole Moglia
Directrice du centre d’imagerie d’Antony
« Nous travaillons étroitement avec l’HPA, qui a mis en place une cellule d’alerte COVID. Tous les matins, une réunion d’une heure, avec des anesthésistes, des réanimateurs et des urgentistes permet de faire un point régulier sur l’organisation de la filière de soins et les dernières recommandations de l’ARS et de la DGS.
La semaine dernière, nous avons mis en place dans notre centre d’imagerie une cellule de crise COVID-19 qui regroupe la direction et trois radiologues pour organiser les choses au jour le jour dans le service et parer à l’évolution de la situation. Il y a une ligne téléphonique dédiée pour les soignants de l’HPA qui ont besoin d’un scanner pour un patient suspecté COVID. Nous préparons la salle pour accueillir le patient, libérons les espaces afin que le patient ne rencontre pas d’autres personnes et qu’il soit pris en charge immédiatement. Nous avons deux scanners, l’un est dédié aux examens pour les patients suspectés ou avérés COVID, l’autre est pour les patients fragiles et de cancérologie. Nous séparons les flux de patients dès la prise de rendez-vous, dans des salles d’attente distinctes. Enfin, nous avons mis en place un système de compte rendu en ligne pour que les patients attendent le moins possible dans le centre.
Par mesure de sécurité, nous avons instauré un double filtrage des patients à l’entrée : un premier aux urgences par des infirmières d’accueil et d’orientation, avec prise de température et questionnaire, puis un second en imagerie, pour éviter autant que possible les contaminations tout en assurant la continuité des examens indispensables. Nous faisons un tri pour viser les ordonnances car beaucoup de médecins généralistes nous envoyaient des patients pour des radios pour des suspicions de COVID, ce qui n’est pas indiqué. Ces patients ne rentrent pas dans nos flux, on les redirige et on appelle les généralistes.
Pour l’instant, il n’y a pas de réquisition. Tous les personnels sont volontaires et disponibles. Nous communiquons beaucoup avec eux, nous leur demandons s’ils ont des questions. Les équipes ont un bon moral. Nous savons que ce n’est que le début de l’épidémie ; ce n’est pas un sprint mais un marathon. Au niveau de l’encadrement nous faisons des roulements, nous nous reposons, nous devons être en forme sur le long terme.
Concernant le matériel de protection, nous n’avons pas assez de masques. Il nous reste une soixantaine de masques FFP2 qui sont sous clé dans mon bureau. Nous n’avons plus de solution hydroalcoolique. Nous espérons être bientôt livrés. Pour le moment, nous nous lavons les mains à l’eau et au savon. »
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