« C’est bien un cancer, mais là je pars en week-end, donc on verra lundi. » Cette phrase, prononcée par un radiologue, a été rapportée par un patient lors des états généraux de la Ligue contre le cancer. Dimanche 15 octobre, Marc Ychou, directeur général de l’institut de cancérologie de Montpellier, s’en est fait l’écho lors d’une session des Journées francophones de radiologie intitulée « Ce qu’un radiologue ne devrait jamais dire à un patient ». Sur ce thème, le premier plan Cancer (2003-2007) avait préconisé la mise en place d’un dispositif d’annonce.
Un traumatisme
Cette démarche concerne de près les professionnels de l’imagerie puisque, comme le rappelle Marc Ychou, « ce sont très souvent les radiologues qui annoncent le premier diagnostic de cancer ». Ce dispositif d’annonce intervient dans un contexte médical lourd. « Le terme de cancer renvoie très souvent à une charge émotionnelle particulière, au spectre de la mort. C’est donc souvent un traumatisme », souligne l’intervenant.
Du théâtre pour former à l’annonce
L’annonce du diagnostic en cancérologie est un exercice délicat, pour lequel les médecins ne sont pas souvent formés. Face à ce constat, la faculté de Montpellier a mis en place une initiative intéressante : une formation théâtrale pour les futurs médecins. L’objectif est de leur donner quelques clés pour savoir comment annoncer un diagnostic de la façon la moins brutale possible. « Le médecin, qu’il le veuille ou non, est forcément en représentation vis-à-vis des malades et de leur famille, explique Marc Ychou. Le moindre mot, le moindre geste, le moindre regard aura un impact très important dans une annonce de diagnostic grave. »
Humaniser la relation au patient grâce au théâtre
En collaboration avec des acteurs de l’école nationale d’art dramatique de Montpellier, les étudiants en médecine de quatrième année bénéficient d’une formation obligatoire de deux jours sur la relation médecin malade. « Cette formation pourrait très bien être proposée aux radiologues », selon Marc Ychou. Ils y apprennent à poser leur voix, à adapter leur attitude au patient et à quitter « la forteresse du médecin », comme l’explique le metteur en scène Serge Ouaknine : « Le théâtre est l’art de la relation humaine et de l’énonciation. Il peut donc apporter énormément aux jeunes médecins. »
« Il y a de plus en plus de procès »
La relation au patient est un enjeu grandissant pour les médecins, insiste le radiologue lyonnais Pascal Rousset. « En imagerie, nous sommes face à des contextes très variés. Il faut avoir des techniques de communication pour partager la souffrance ou le soulagement d’un patient. » L’intervenant ajoute que cette relation s’intègre également dans un contexte médicolégal. « Nous avons l’obligation d’informer nos patients. Il y a de plus en plus de procès, notamment aux États-Unis, contre des radiologues qui ont mal maîtrisé cette relation avec leurs patients. Il y a donc une vraie nécessité à se former au savoir-être. »
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