Dans les établissements où ils reçoivent leur formation, les internes de radiologie sont un chaînon indispensable de la permanence des soins (PDS). Cependant, la configuration des gardes est hétérogène en France, explique Ugo Pirocca, docteur junior en interventionnel vasculaire et président de l’Union nationale des internes de radiologie (UNIR) de 2020 à 2022. « Globalement, les internes sont souvent en première ligne sur la garde dans une grande partie des établissements hospitaliers. Dans d’autres villes, ils sont en binôme avec le senior de garde, indique-t-il. Dans les villes où j’ai fait mes stages, l’interne était au premier plan de la permanence des soins, avec en back-up un senior d’astreinte chez lui. » L’activité de PDS se concentre généralement sur l’échographie, le scanner des urgences, « et plus ou moins l’IRM selon les centres ».
Les internes comblent les postes vacants
Outre l’aspect formateur de la permanence des soins, les internes sont très sollicités car les établissements s’appuient en grande partie sur eux pour fonctionner. « Il faut reconnaître que la permanence des soins permet de gagner en autonomie car il faut être capable de gérer l’urgence, confie Ugo Pirocca. Mais il y a aussi une question organisationnelle, car il y a énormément de postes vacants de PH en radiologie. Les effectifs sont en tension, donc on fait appel aux internes. »
Difficultés de communication
Selon Ugo Pirocca, le statut d’interne en PDS n’est pas toujours confortable lorsqu’il s’agit d’argumenter face à un haut gradé : « Quand nous discutons avec des médecins seniors d’autres spécialités, ils nous rappellent bien notre position d’interne et ça augmente la pénibilité de la garde, témoigne-t-il. Quand il n’y a pas de senior de radiologie, c’est difficile pour un interne de discuter avec un PU-PH de neurologie qui demande un scanner sur une alerte AVC, même s’il trouve que son raisonnement n’est pas logique. L’imagerie étant à la frontière de toutes les spécialités il y a cette interface qui rend parfois les communications un peu compliquées. »
Une revalorisation de 50 %
Pendant son internat, Ugo Pirocca réalisait en moyenne entre 20 et 30 gardes par semestre. « En radiologie, le repos de sécurité du lendemain de garde est respecté », affirme-t-il. Les internes perçoivent de 154 euros bruts en semaine à 168 euros bruts le week-end pour chaque garde. Des montants revalorisés de 50 % par l’arrêté du 29 mars 2023 portant majorations exceptionnelles de l’indemnisation des gardes des personnels médicaux et des étudiants de troisième cycle des études de médecine exerçant en établissements publics de santé. Une garde de nuit est désormais rémunérée 231 euros bruts en semaine et 253 euros bruts le week-end. Mais il est impossible de savoir si cette revalorisation sera pérennisée, s’inquiète Ugo Pirocca. « Ce sont des primes exceptionnelles au vu des difficultés de PDS, parce que beaucoup de gens se détournent de l’hôpital public. Ça a été fait pour éviter de dégoûter précocement les internes. »
La PDS prend de l’ampleur
Dans un contexte de forte augmentation des demandes d’examens d’imagerie médicale, la PDS s’appuie sur une démographie en forte tension : « Aujourd’hui dans un CHU, on a en moyenne deux internes de garde, deux astreintes en diagnostic et deux astreintes en interventionnel, compte Ugo Pirocca. En PDS dans les grands centres, on mobilise donc en moyenne trois à quatre seniors et deux internes chaque jour, ce qui est énorme. Des études européennes ont montré qu’il y avait une augmentation de 500 % sur les scanners de PDS entre 2006 et 2020. Aucune autre spécialité n’a eu une augmentation aussi forte. »
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