Dépenses de santé

Les radiologues libéraux dénoncent la baisse des remboursements et des forfaits techniques

Les syndicats de radiologues réagissent vivement aux baisses de remboursements annoncées par l'UNCAM le 27 janvier. Pour eux, ces mesures d'économies prises sans concertation vont ralentir la modernisation des équipements et peser sur l'accès aux soins et leur qualité.

Le 01/02/17 à 8:00, mise à jour hier à 14:16 Lecture 3 min.

« L'UNCAM est restée sur des demandes purement comptables, qui vont pénaliser l’investissement des radiologues », déplorent les représentants des radiologues libéraux. CC0 domaine public pixabay.com

L’Union nationale des caisses d’assurance maladie (UNCAM) a annoncé le 27 janvier la baisse de 2 % des forfaits techniques d’imagerie Scanner, IRM, et TEP à partir du 13 février, et la suppression dès avril d’une des majorations de tarif (modificateur Z fixé à 21,8 %) que les radiologues percevaient pour les actes de radiographies. Objectif : 49,9 M€ d’économies en 2017. Les réactions des radiologues, en particulier des libéraux, ne se sont pas fait attendre.

Les médecins dénoncent l’absence de concertation

« Nous sommes face à une administration qui n’admet pas la contradiction et qui considère que, dans une négociation, les médecins doivent accepter sans condition les propositions qui sont faites par l’administration », assène Jean-Philippe Masson, président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR). Pour lui, l’UNCAM est responsable de l’échec des négociations autour des tarifs, qu’elle invoque pour justifier ces mesures unilatérales. « Nous négocions depuis 18 mois en faisant des propositions de maîtrise médicalisée pour améliorer la prise en charge du patient. La caisse est restée sur des demandes purement comptables, qui vont pénaliser l’investissement des radiologues », assure-t-il. « Nous revenons aux bonnes vieilles méthodes de bouclages budgétaires des années quatre-vingt-dix. On baisse autoritairement des lettres clés pour un prétexte exclusivement budgétaire et sans concertation bien évidemment », renchérit Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF).

« Les délais de rendez-vous vont s’accroître »

Selon les deux responsables syndicaux, la baisse du forfait technique va peser sur les achats de nouveaux équipements. « Le parc d’IRM n’est pas près d’augmenter. Les industriels ne proposent plus en France les appareils haut de gamme et innovants car les radiologues français n’ont plus les moyens de les acheter », affirme le président de la FNMR. Jean-Paul Ortiz est sur la même ligne. À l’échelon international, la France est très en retard et très sous équipée, notamment en IRM et cela ne va pas s’arranger. Les délais de rendez-vous vont s’accroître, nous allons avoir des retards de diagnostic, prophétise-t-il, en dénonçant ce qu’il considère comme une incohérence politique grave : « On se demande s’ils n’ont pas oublié le Plan cancer dont ils avaient fait une priorité nationale. »

Des difficultés d’accès aux soins

Jean-Philippe Masson et Jean-Paul Ortiz disent aussi redouter les effets de la baisse du « Z radiologique » sur l’accès aux soins. « Les petits cabinets de radiologie et l’accès aux soins va se compliquer. Il y aura des retards de prise en charge, en particulier pour le diagnostic des cancers. En matière de qualité de prise en charge, c’est une catastrophe pour les patients », déplore le président de la CSMF. Le Z radiologique, reprend Jean-Philippe Masson, était supérieur à celui des pneumologues et des rhumatologues, car le matériel des radiologues « est sans commune mesure plus onéreux et complexe. »

Des mobilisations à venir

« L’État se fiche de la santé des patients et ne voit que les dépenses, tonne le président de la FNMR. On préfère mettre en jeu la santé des Français plutôt que de réfléchir à un nouveau système qui serait plus efficace. C’est une attaque directe contre la qualité des soins, contre tous les efforts que font les radiologues depuis plusieurs années pour l’améliorer. » La Fédération annonce qu’elle n’en restera pas là : « Nous avons contacté nos avocats, conseillers juridiques et nous réfléchissons à des actions pour contrecarrer tout cela. Les mots d’ordre vont suivre », prévient son président.

Auteurs

Virginie Facquet

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