Ségur du numérique en santé

Êtes-vous favorable au partage des données d’imagerie au sein du projet DRIM-M ?

Dès 2024, le projet DRIM-M inclus dans la vague 2 du Ségur du numérique en santé devrait commencer à se déployer au sein des hôpitaux et centres de radiologie avec notamment la mise en place de la DRIMbox. Les radiologues se préparent au partage à grande échelle des données d’imagerie qui présente certains avantages mais suscite aussi des questionnements.

Le 18/12/23 à 7:00, mise à jour le 20/12/23 à 9:14 Lecture 4 min.

Si les radiologues que nous avons interrogés voient des avantages dans le partage des images à l'échelle nationale, ils s'interrogent sur les aspects techniques et organisationnels de DRIM-M (photo d'illustration). D. R.

« J’espère que la Drimbox est aussi une base pour travailler sur de la recherche »

Sébastian Tavolaro

Radiologue associé et gérant du groupe Olympe Imagerie

Antony (92)

La majorité des radiologues et même des médecins en général sont très favorables à cette initiative. En effet, le dossier médical partagé de façon globale, et plus particulièrement la DRIMbox, vont s’intégrer dans les nouvelles techniques de suivi des patients. Sur le versant radiologique, cela va permettre de partager des images entre groupes d’imagerie en particulier dans le milieu libéral, ce qu’on ne peut pas faire aujourd’hui. Je pense que c’est aussi une réponse au nomadisme médical actuel qui est favorisé par les plateformes prises de rendez-vous en ligne. Les patients vont souvent là où le délai est le plus court et ont donc des examens d’imagerie réalisés à des endroits différents et des dossiers patients différents. Je pense qu’il faut toutefois être vigilant quant à la structuration technique de ces DRIMbox. Premièrement, il faut qu’elles s’intègrent vraiment au workflow du radiologue et soient implémentées dans le logiciel de façon automatique. L’autre point est évidemment la cybersécurité. Il faudra rassurer les centres et les radiologues qui sont très soucieux de la sécurité de leurs données. Ce que j’ai compris, c’est que la structuration est décentralisée et que tous les éditeurs sur le marché doivent respecter la structure définie. Enfin, le troisième point est qu’il faut absolument partager ces données non seulement à l’échelle française mais plus largement à l’échelle européenne pour exister sur le plan scientifique, au milieu des États-Unis et de la Chine. J’espère que la DRIMbox est aussi une base pour travailler sur de la recherche. Un premier bloc de recherche en imagerie qui sera suivi d’un deuxième bloc contenant des données cliniques, biologiques et radiologiques sur la France entière dans un cadre légal.

« La déception générée par la vague 1 n’efface pas le souhait de voir éclore cette solution ambitieuse et nécessaire »

Éric Bruguière

Radiologue à la clinique Pasteur (Toulouse) et cogérant du groupe GRX

Le partage d’images est souhaitable pour une meilleure prise en charge des patients, notamment dans l’urgence, pour la prise en charge des maladies chroniques et pour le partage d’expertises dans les réunions de concertation pluridisciplinaires. La dimension nationale du projet est adaptée. On ne se limite plus à un échelon régional comme de nombreux projets de partage d’imagerie par le passé.
Malheureusement, la vague 1 du Ségur numérique a soulevé de nombreux problèmes : le financement, qui a exclu les financements matériels et des jours-hommes de prestation informatique pourtant nombreux pour le paramétrage et les déploiements des RIS Ségur, la capacité très limitée pour certains éditeurs majeurs à développer des logiciels répondant aux nouveaux référentiels dans un délai court, et surtout à migrer un grand nombre de clients et à les accompagner dans ce lourd changement logiciel. Cette situation a généré beaucoup de mécontentement parmi les utilisateurs, et les RIS Ségur ne sont pas complètement opérationnels malgré près d’un an de déploiement. Par ailleurs, l’identifiant national de santé (INS) a également complexifié et allongé l’accueil des patients, et nécessite de faire évoluer nos habitudes de travail en acquérant des outils d’accueil dématerialisé pour soulager nos secrétaires.
Concernant les DRIMbox, nous sommes donc dans l’attente sur plusieurs points, à savoir les éléments techniques liés au déploiement, les coûts inhérents à ce déploiement, l’interopérabilité avec nos outils en place, la facilité d’utilisation pour les correspondants non radiologues comme pour nous-mêmes, y compris dans la gestion des dossiers d’imagerie en vue de la tenue des réunions pluridisciplinaires, l’intégration des imageries extérieures dans nos propres PACS et les éléments liés à la formation des utilisateurs. Ces questionnements nombreux et notre méfiance, nourris par la déception générée par la vague 1, n’effacent pas le souhait de voir éclore cette solution ambitieuse et nécessaire.

« Je fais plus confiance à la version cloud de la Drimbox »

Guillaume Herpe

Radiologue au CHU de Poitiers

Du point de vue des patients, je suis pour qu’on facilite le transfert de leurs données d’imagerie afin qu’ils puissent avoir accès à leurs examens s’ils vont consulter un autre confrère. Je trouve que c’est également positif pour les radiologues car dans le cadre de cette deuxième vague du Ségur du numérique en santé, cela aide tous les groupes, en particulier les groupes de taille intermédiaire ou de plus petite taille, à structurer l’interopérabilité du partage des données patients et favorise leur intégration au sein de l’écosystème. La DRIMbox, va rentrer dans les catalogues Resah et UniHA avec des options supplémentaires. Le financement sera donc encadré et d’autres options pourront être ajoutées, notamment la téléradiologie ou l’intelligence artificielle, ce qui facilitera l’accès à ces technologies pour les groupes de petite ou moyenne taille. Je ne crois cependant pas tellement à la box physique, car elle utilise une architecture ancienne et n’est pas, à mon sens, un point d’entrée très contrôlé au sein des grands systèmes de santé informatiques hospitaliers, ce qui constitue un point de fragilité. Je fais davantage confiance à la version cloud de la DRIMbox, qui me semble plus facile à contrôler d’un point de vue national. Enfin, j’aimerais que ces solutions soient mises en place par des éditeurs français car la souveraineté numérique est un enjeu à l’échelle européenne.

Auteurs

Solenn Duplessy

Discussion

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  1. Jérome HoffQue pensez-vous du projet DRIM-M et de la façon dont il est conduit ? Donnez-nous votre avis en commentaire.
    Il y a 4 mois

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