Docteur Imago / Comment a débuté ce projet de recherche DACTIM ?
Rémy Guillevin / C’est une équipe de recherche que nous avons montée au CHU, où je suis chef de pôle adjoint du service de radiologie. Nous avons lancé ce projet avec des mathématiciens du CNRS de l’université de Poitiers. La conséquence est que le CHU de Poitiers a maintenant une équipe de recherche qui fait partie d’un laboratoire CNRS.
D. I. / Quel est l’avantage d’avoir ce label CNRS ?
R. G. / Il nous donne de facto une reconnaissance scientifique nationale et internationale que nous aurions mis beaucoup plus de temps à obtenir sans lui. Cela permet donc à Poitiers d’être un acteur visible de la recherche en imagerie. Le résultat, c’est que nous avons maintenant deux laboratoires dédiés. L’un est spécialisé dans les images non médicales. Quant au laboratoire DACTIM-MIS, sa vocation est d’analyser et d’intégrer à des modèles mathématiques les données issues de l’imagerie par résonance magnétique et de l’imagerie isotopique.
D. I. / Quelle est la valeur ajoutée des mathématiques en imagerie ?
R. G. / Ils améliorent la compréhension des examens. Aujourd’hui, les imageurs fournissent un grand nombre de paramètres dont on ne sait pas quoi faire. Les mathématiques permettent de mettre de l’ordre au sens formel du terme. C’est-à-dire de comprendre comment les paramètres s’agencent les uns par rapport aux autres. La finalité est d’utiliser ces paramètres pour mieux diagnostiquer les patients et mieux suivre leur traitement.
D. I. / Comment cela s’applique-t-il concrètement ?
R. G. / Notre champ d’application le plus ancien est l’imagerie des tumeurs cérébrales. Nous avons donc créé des modèles qui permettent de prédire la réponse ou l’échappement thérapeutique d’une tumeur cérébrale sous radiothérapie ou sous chimiothérapie. Nous utilisons ces outils en réunion de concertation pluridisciplinaire pour dire à l’oncologue, au radiothérapeute ou au neurochirurgien s’il faut changer ou continuer un traitement. On peut ainsi mieux adapter les thérapeutiques et mieux les suivre grâce à l’imagerie. Pour le patient, rien ne change. Il continue à passer des examens IRM ou TEP. En oncologie, la place de l’imagerie est de plus en plus centrale dans la prise en charge des patients. Il était donc urgent d’avoir une équipe de recherche qui permette d’accélérer encore la prise en compte de ces paramètres et de les intégrer à la prise en charge thérapeutique.
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