À l’heure des besoins médicaux en hausse, des progrès en IA et des innovations en imagerie lourde, comment améliorer l’écoresponsabilité de la radiologie moderne ? C’est en somme la question à laquelle les principales sociétés mondiales de radiologie ont essayé de répondre. La prise de position qui résulte de leur réflexion commune a été publiée le 26 février 2025, en simultané dans six revues scientifiques de radiologie (Canadian Association of Radiologists Journal, European Radiology, Journal of Medical Imaging and Radiation Oncology, Journal of the American College of Radiology, Korean Journal of Radiology, Radiology) [1].
Un consensus mondial
Cette publication simultanée à grande échelle est à l’image de la portée des résolutions proposées, qui se veut globale. De fait, les organisations signataires du papier sont les grandes organisations mondiales (IS3R, ISR), ainsi que les organisations continentales d’Europe (ESR), d’Afrique (AFAR, ASR, ESRNM), des Amériques (ACR, CAR, CIR, RSNA), d’Asie (AOSR) et d’Océanie (RANZCR) 1. La publication détaille les actions à suivre par les sociétés de radiologie pour améliorer la durabilité de la profession dans les années à venir.
Reconnaître l’impact environnemental
Tout d’abord, les sociétés d’imagerie appellent à reconnaître l’impact environnemental de la radiologie, alors qu’un développement durable doit se penser à l’échelle planétaire et prendre en compte le fait que les activités humaines, notamment celles qui consomment des énergies fossiles, augmentent le relargage de gaz à effet de serre (GES). Or, « les soins de santé génèrent des émissions substantielles de GES […], rappellent les auteurs. À l’échelle du globe, on estime que le scanner et l’IRM ont contribué jusqu’à 0,77 % des émissions totales de CO2 en 2016, avec une croissance attendue de 30 % entre 2016 et 2030. Pour comparaison, l’aviation contribuait à 2,5 % de ces émissions en 2023. »
Huit actions-clés listées
Une fois ce constat fait, il faut le porter à la connaissance de tous pour engager des discussions avec les pouvoirs publics, tout en défendant les intérêts de la profession : c’est la première des huit actions-clés listées par la publication dans un tableau. Le papier indique ensuite le besoin de s’attaquer aux disparités mondiales dans l’impact à venir du changement climatique, en identifiant et en soutenant les initiatives ciblant les inégalités d’accès aux soins en imagerie, et en soutenant une recherche portée par des professionnels des pays en développement.
Prioriser la recherche
De manière générale, les sociétés de radiologie mais aussi les revues à comité de lecture devraient, selon l’article, prioriser la recherche sur l’exploration de solutions innovantes pour limiter l’impact environnemental de l’imagerie médicale, ainsi que financer et conduire des études visant à mesurer la dépense d’énergie et la production de déchets en imagerie. De telles études permettraient une optimisation fine de la consommation d’énergie, que ce soit au niveau d’une structure médicale ou à l’échelle d’un parcours de soins. Ce domaine de recherche est aujourd’hui limité par la quasi-absence de fonds publics dédiés, notent les auteurs. Les industriels devraient également participer à cette recherche, par exemple en créant des métriques communes pour quantifier les émissions de GES et les déchets.
Former les radiologues
Les sociétés de radiologues peuvent aussi former leurs membres aux enjeux du développement durable en radiologie en intégrant à la formation initiale et continue des radiologues des connaissances et des savoir-faire liés à la santé planétaire, mais aussi à la gestion de crise climatique en imagerie médicale, ainsi qu’aux effets indirects des phénomènes climatiques extrèmes observables en pratique clinique. « Les radiologues devraient connaître les schémas évolutifs des maladies à transmission vectorielle, des maladies cardiopulmonaires et rénales, de l’incidence du cancer et de la survie à la suite d’événements météorologiques extrêmes », affirment ainsi les auteurs, qui appellent à se focaliser sur la collaboration internationale pour échanger efficacement sur les stratégies, les projets et les supports éducatifs en développement durable.
Organiser sa résilience face aux crises
Enfin, la réponse à la crise climatique passera par le fait de se préparer dès aujourd’hui aux effets attendus du réchauffement climatique, notamment en améliorant la capacité des structures d’imagerie à faire face à des évènements climatiques extrêmes. Cela passe par exemple par mettre à jour ses infrastructures pour ne subir que des dommages minimaux en cas d’inondation, de tempêtes, de coupures de courant ou de canicules, ou encore par préparer son équipe en repérant ses éléments résilients, ou enfin par imaginer des parcours patient alternatifs en cas d’évènements climatiques extrêmes.

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