Imagerie à distance

L’expérience concluante du scanner d’urgence en téléradiologie à Pointe-à-Pitre

L’hôpital de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, a fait appel aux services d’une société de télé-imagerie pour assurer ses vacations de scanner d’urgence la nuit et les week-ends. Lors des JFR, un chef de service et un cadre de santé de l’établissement ont fait le bilan de cette expérience qui a duré 2 ans. Il est positif.

Le 18/10/17 à 7:00, mise à jour hier à 15:10 Lecture 3 min.

Eddy-Laurent Glaude, chef de service, et Claude Chilin, cadre de santé, ont fait le bilan de 22 mois de téléradiologie dans leur service du CH de Pointe-à-Pitre. © J. H.

En 2016, la Guadeloupe comptait 9,9 radiologues pour 100 000 habitants, contre 13,2 pour l’ensemble de la France. La même année, le CHU de Pointe-à-Pitre en employait 6 pour 39 manipulateurs, alors que l’activité augmente depuis 2012. Pour pallier cette carence, l’établissement a décidé de mettre en place un service de téléradiologie pour les scanners d’urgence. Eddy-Laurent Glaude, chef de service, et Claude Chilin, cadre de santé, ont présenté ce dispositif le 14 octobre 2017, lors des Journées francophones de radiologie.

Les week-ends et jours fériés

Les vacations de téléradiologie ont démarré fin 2015. « Elles ont lieu tous les week-ends, du vendredi à 18 heures au lundi à 8 heures, ainsi que les jours fériés », indique Eddy-Laurent Glaude. Elles sont effectuées à effectif constant. En parallèle, une astreinte physique de sécurité permet de répondre aux demandes d’échographie et d’IRM. Elle peut aussi se charger de relire des scanners en cas de dysfonctionnement de la téléradiologie.

L’activité s’est rééquilibrée

Le déploiement de ce dispositif a suscité de nombreuses interrogations. Pour commencer, l’activité allait-elle augmenter ? « Aux yeux de tous, il était évident que les téléradiologues, payés à l’acte, auraient tendance à faire plus d’examens », rapporte Claude Chilin. Ce ne fut pas le cas. « Au contraire, s’étonne-t-il, on note un rééquilibrage de l’activité. » L’explication est simple : « Avant, les radiologues d’astreinte la nuit, qui étaient chez eux, reportaient les examens non urgents dans la journée, ce que ne font pas les téléradiologues. » Il y a donc plus d’examens la nuit et moins le jour. Autre inquiétude : le coût de la téléradiologie. « Entre 2015 et 2016, les dépenses de personnel médical ont diminué, puisque nous avons fait moins appel à des remplaçants », souligne Eddy-Laurent Glaude. Sur la même période, le déficit, différence entre les recettes et les dépenses, s’est néanmoins accru de 74 000 €.

Assurer la continuité de l’équipe

Ce dispositif a de nombreux avantages. « Pour le personnel, il permet de maintien de l’équipe actuelle en évitant les départs pour surmenage. Il améliore aussi l’entente entre les médecins », énumère le chef de service. De son côté, l’établissement profite d’une gestion du personnel plus facile. « Contrairement à des radiologues physiques, les téléradiologues acceptent sans rechigner tous les week-ends et jours fériés. Ils ne prennent ni congés, ni arrêts maladie », poursuit Eddy-Laurent Glaude. Enfin, le patient bénéficie « d’un très bon niveau d’interprétation radiologique », ainsi que d’une meilleure prise en charge « au fil de l’eau ».

Plus d’administratif pour les manips

La téléradiologie présente aussi quelques limites. Ainsi, relève Claude Chilin, l’utilisation de la plateforme de téléradiologie entraîne une charge d’activité administrative supplémentaire pour les manipulateurs. De plus, l’équipe de nuit a davantage de travail. Idem pour le cadre de santé et le chef de service qui doivent gérer les protocoles à mettre en place et les éventuels dysfonctionnements. Autre problème : « Pour les examens de polytraumatisés, le volume d’image est parfois tel qu’on ne peut pas toujours les transmettre toutes en téléradiologie », révèlent les intervenants.

En appui des radiologues physiques

Malgré ces quelques bémols, le centre hospitalier se félicite d’avoir adopté la téléradiologie. « Elle ne remplace pas les radiologues physiques mais vient en appui. C’est une activité dont on ne peut plus se passer », conclut Eddy-Laurent Glaude.

Auteurs

Jérome Hoff

Rédacteur en chef adjoint

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