Points de vue

L’avènement d’équipements hybrides provoquera-t-il la fusion de la radiologie et de la médecine nucléaire ?

Chaque mois, Docteur Imago recueille l’avis et le ressenti de professionnels sur une question d’actualité, de pratiques, d’éthique, de principes, d’avenir, où tout autre sujet en lien avec le monde de l’imagerie médicale.

Le 26/06/17 à 15:00, mise à jour aujourd'hui à 14:15 Lecture 2 min.

L'imagerie hybride commence à se faire une place dans les services, comme ici la TEP-IRM à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP). © C. F.

« La radiologie et la médecine nucléaire sont deux approches complémentaires »

Jean-Philippe Vuillez
© Docteur Imago

Jean-Philippe Vuillez, médecin nucléaire au CHU de Grenoble et président de la Société française de médecine nucléaire et imagerie moléculaire (SFMN)

C’est une question à la mode. Très clairement, la réponse est « non ». L’avènement de l’imagerie hybride rapprochera la radiologie et la médecine nucléaire mais ne provoquera pas leur fusion. Il faut bien partir du principe que la radiologie et la médecine nucléaire sont deux approches complémentaires, mais qui explorent des informations totalement différentes. Nous avons d’un côté l’anatomie et le morphologique (même si c’est réducteur) et de l’autre le biologique. L’imagerie hybride est effectivement à l’intersection de ces deux approches, mais dire que nous allons fusionner les spécialités reviendrait à les réduire à cette imperfection. Ce serait alors un appauvrissement à la fois de la radiologie et de la médecine nucléaire, ce qui serait dommage. Cela ne veut pas dire qu’il faut mettre des cloisons étanches entre les deux car il faut absolument confronter les deux approches pour avoir la plus grande puissance diagnostique possible. En résumé : confrontation, collaboration et rapprochement, oui, tout à fait. Fusion, certainement pas car ce n’est pas le même métier. Nous avons tout intérêt à travailler de façon rapprochée mais il n’est pas souhaitable de réunir les deux spécialités car on ne peut pas être à la fois très bon anatomiste et très bon biologiste du cancer.

« Les manipulateurs sont multicompétents »

Jean-Luc Riu
D. R.

Jean-Luc Riu, cadre supérieur de santé au service d’imagerie de l’hôpital Henri-Mondor de Créteil et président de l’Association française des techniciens en médecine nucléaire (AFTMN).

Il y a deux réponses à cette question : celle des manipulateurs radio, et celle des médecins. Pour ce qui est des manipulateurs, ils ont un diplôme qui leur permet de travailler indépendamment dans toutes les disciplines. Ils sont multicompétents. Donc, s’il y avait une fusion de départements d’imagerie autour de la multimodalité, cela ne serait pas un frein pour eux. Après, il y a des organisations médicales sur lesquelles les manipulateurs travaillent et, dans ce contexte, les choses sont bien délimitées. Aujourd’hui, en France, les deux disciplines sont séparées. Cependant, il existe des organisations où les professionnels médicaux passent d’une unité à l’autre car il y a un besoin de compétences et d’expertise en imagerie, en particulier sur les machines hybrides. Si l’on s’arrête juste à la profession de manipulateurs radio, nous sommes prêts et pas opposés à l’idée s’il y avait un projet de ce genre autour de l’imagerie hybride.

Auteurs

Virginie Facquet

Carla Ferrand

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