Centre de diagnostic à l'hôpital Beaujon

Une journée pour démasquer les tumeurs du foie et du pancréas

L’hôpital Beaujon (92) a ouvert en février 2017 un centre de diagnostic en un jour des tumeurs bénignes et malignes du foie et du pancréas. Une prise en charge rapide et coordonnée pour faciliter, raccourcir et professionnaliser le parcours du patient.

Le 22/09/17 à 15:00, mise à jour aujourd'hui à 15:11 Lecture 6 min.

Tout est organisé pour que le patient puisse passer les examens d’imagerie et obtenir tous les résultats, même ceux des marqueurs tumoraux, le jour de la consultation. Si une hospitalisation ou une biopsie est nécessaire, le patient repart avec son rendez-vous. © V. F.

9 heures, lundi matin. Le centre de diagnostic en un jour des tumeurs bénignes et des cancers du foie et du pancréas (HOPE pour Hepatic or Pancreatic Evaluation) de l’hôpital Beaujon (Hôpitaux universitaires Paris-Nord-Val-de-Seine), à Clichy, ouvre ses portes. Le sourire aux lèvres, Sabrina, l’infirmière du service, s’apprête à accueillir les patients de la journée. Ces derniers vont rencontrer des spécialistes et passer tous les examens nécessaires à l’établissement d’un diagnostic. Dans deux cas sur trois, ils repartiront ce soir, avec des résultats fiables. La consultation reçoit deux jours par semaine. Le lundi est dédié aux pathologies hépatiques et le jeudi aux pathologies pancréatiques.

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L'infirmière accueille la patiente, accompagnée de son époux. Elle est atteinte d'un angiome au foie qui ne cesse de grossir.. © V. F.

L’impact positif d’une collaboration

Il a fallu une petite année pour mettre en place ce service. L’initiative revient à Valérie Vilgrain, chef du service d’imagerie médicale, et à Alain Sauvanet, chef du pôle des maladies de l’appareil digestif. « Avec Olivier Soubrane, chef de service de chirurgie hépatopancréatobiliaire, nous avions l’habitude de faire nos consultations à deux et nous avions noté l’impact positif de cette collaboration », explique Valérie Vilgrain. Le duo voulait systématiser cette pratique, tout en permettant aux patients d’obtenir un diagnostic rapidement. « Les tumeurs du foie sont très fréquentes (5 % de la population) et les examens s’étendent généralement sur plusieurs mois. C’est très anxiogène pour le patient. Nous proposons donc une prise en charge rapide et coordonnée pour faciliter le parcours de soins, le raccourcir et le professionnaliser », poursuit Valérie Vilgrain. Tout est organisé pour avoir les résultats de tous les examens d’imagerie et même ceux des marqueurs tumoraux le jour même. Si une hospitalisation ou une biopsie est nécessaire, le patient repart avec son rendez-vous.

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L'infirmière prend la tension de la patiente et lui explique le déroulement de la journée. © V. F.

Un angiome de 25 cm

Florence Winter arrive, accompagnée de son mari. Elle a un angiome au foie depuis 10 ans qui grossit et mesure maintenant 25 cm. Elle est stressée et a besoin d’être rassurée car « son médecin généraliste, dit-elle, est un peu perdu ». Sabrina la rassure : elle va être reçue par deux spécialistes du foie. Elle prend les bilans sanguins et les examens d’imagerie. Elle prend la tension et explique le déroulement de la journée. La patiente rejoint la salle d’attente pour être reçue par Dominique Valla, hépatologue, et Valérie Vilgrain.

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Valérie Vilgrain et Dominique Valla interrogent ensemble la patiente. Ils étudient les examens sanguins et radiologiques. © V. F.

Une patiente et son époux rassurés

Les deux médecins interrogent ensemble la patiente. Ils étudient les examens sanguins et radiologiques. Dominique Valla ausculte la patiente et écoute avec attention son ressenti. « Vous avez bien un angiome géant », annonce Valérie Vilgrain. Elle explique différents points d’anatomie en prenant son temps sur les images de scanner. « L’angiome s’ajoute à votre foie et c’est pour cette raison qu’il est plus volumineux », précise Dominique Valla. Les examens d’imagerie étant de qualité suffisante, aucun examen n’est prescrit, aucune chirurgie n’est préconisée. La patiente repart avec seulement quelques conseils, rassurée. « Ils ont répondu à toutes nos questions. Ils m’ont bien expliqué ce que j’avais, il n’y a rien de grave », souligne-t-elle, soulagée. « Dès le départ, nous nous sommes sentis soutenus, guidés et nous pouvons revenir les voir si besoin », apprécie son époux.

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Le deuxième patient de la journée arrive dans le service. Il est diabétique et a un nodule au foie. © V. F.

Concertation autour du dossier

Daniel Mella arrive en milieu de matinée. Lui aussi est un peu anxieux. Après l’interrogatoire de l’infirmière, il est accueilli par Valérie Vilgrain, Dominique Valla et Olivier Soubrane, qui les a rejoints entre deux interventions. Il leur explique qu’il est diabétique et a un nodule au foie, découvert récemment de façon fortuite. Après une étude des échographie, scanner et IRM, une analyse des examens sanguins et quelques questions, Valérie Vilgrain annonce « un foie un peu dysmorphique et une lésion centimétrique latéralisée ».

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Dominique Valla, Olivier Soubrane et Valérie Vilgrain étudient le dossier du patient. Cette dernière remarque « un foie un peu dysmorphique et une lésion centimétrique latéralisée ». © V. F.

Une échographie et une IRM

Il est décidé de faire une échographie et une élastographie du foie, ainsi qu’une IRM. La lésion n’est en effet pas bien visible sur les examens réalisés précédemment. Mais « pas de panique », enjoint Olivier Soubrane. Rien ne semble grave. Sabrina installe le patient en salle d’échographie. La radiologue réalise l’examen pour rechercher la lésion centimétrique, une lésion peu visible. David Mella se rend ensuite en salle d’IRM, où les manipulatrices l’attendent. Les séquences débutent, l’injection est pratiquée. Le patient peut ensuite aller déjeuner, avant de revenir pour un temps tardif.

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Le patient passe une échographie et une élastographie du foie pour observer la lésion, pas suffisamment visible sur les examens précédents. © V. F.

« C’est une lésion banale »

Valérie Vilgrain dresse son compte rendu : « J’ai eu beaucoup de mal à retrouver une toute petite lésion hyperartérialisée, rapporte-t-elle. Le foie est normal, l’élastographie aussi. Nous retrouvons cette lésion sur l’IRM, non visible en T2, mais visible en temps tardif sans hypointensité, mais isointense. C’est une lésion banale, je pense qu’il s’agit d’une hyperplasie nodulaire focale du foie (HNF). »

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Le patient se rend ensuite en salle d'IRM, où les manipulatrices l’attendent. © V. F.

« 1 000 % de certitude »

Dominique Valla reçoit les patients pour les informer des résultats. Exceptionnellement, il est seul : Valérie Vilgrain, qui a revu les dossiers avec l’hépatologue, a dû s’absenter pour réunion. Le chirurgien, quant à lui, est retenu au bloc opératoire. « Nous sommes certains à 1 000 % que c’est bénin. Il est très rare de rencontrer une hyperplasie nodulaire focale chez l’homme. Nous avions un peu peur car le diabète augmente le taux de cancers primitifs du foie », commente Dominique Valla. « Nous pensons que c’est du foie qui se dispose en boule », précise-t-il, pour expliquer au patient ce qu’est une HNF. Il propose un suivi à un an et donne des conseils nutritionnels et d’hygiène de vie. « J’ai été très satisfait du service, c’était très efficace. Je suis content d’avoir passé la journée ici et je repars serein », conclut David Mella. Jeudi prochain, cinq patients viendront pour un diagnostic de pathologie pancréatique.

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Dominique Valla annonce les résultats au patient. Les spécialistes pensent qu'il s'agit d’une hyperplasie nodulaire focale du foie. Une lésion banale. © V. F.

Auteurs

Virginie Facquet

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