Portrait

Arshid Azarine : la médecine et la musique au cœur

Arshid Azarine est spécialiste en imagerie cardiaque et vasculaire à l’hôpital Saint-Joseph, à Paris. C’est aussi un pianiste passionné de jazz qui se produit en concert partout dans le monde.

Le 31/03/17 à 15:00, mise à jour hier à 15:06 Lecture 4 min.

Arshid Azarine est à la fois médecin radiologue à l'hôpital Saint-Joseph et pianiste de jazz professionnel. Deux passions nées dès l'enfance. © V. F.

Radiologue à l’hôpital Saint-Joseph, à Paris, Arshid Azarine est aussi auteur-compositeur-interprète et pianiste professionnel de jazz. Deux vocations qui le portent depuis son enfance, passée en Iran. « À 9 ans, je décide de faire en même temps de la musique et de la chirurgie cardiaque », raconte-t-il avec un sourire charmeur. Pour la chirurgie cardiaque, il lui faudra attendre un peu. Pour la musique, sa mère prend les choses en main et l’inscrit à des cours de piano. L’instrument le fascine. Son professeur, chopiniste, lui transmet sa passion. « C’était un professeur à la russe, très dur, mais qui m’a fait aimer la musique. »

Le piano lui rend son identité

La guerre Iran-Irak met un coup d’arrêt à son apprentissage. Avec sa sœur aînée, il doit fuit Téhéran au début du conflit. Il trouve refuge en France. « Mes parents devaient nous rejoindre rapidement, mais la guerre a débuté et ils n’ont pas pu sortir du pays ». Sa sœur l’inscrit au collège Robespierre à Ivry-sur-Seine (94). Il s’y sent stigmatisé. La musique lui permet de retrouver son courage et son identité, quand il découvre un piano laissé à l’abandon dans l’établissement.

Du classique au jazz

Ses parents finissent par gagner la France. Sa mère, au bout de 6 longs mois, puis son père. « Ma mère a lutté pour que je puisse jouer du piano, que j’aille au conservatoire. » Un professeur particulier lui fait travailler ses gammes 6 heures par jour. Jusqu’à saturation. « J’en ai eu assez du classique. J’ai arrêté le piano pour faire médecine et surtout pour jouer autre chose. » À la fac de médecine, des amis l’entraînent vers le jazz. « Nous créons un groupe, Le Carré des Lombes, et jouons pour les fêtes de la fac. Petit à petit, nous faisons des petites salles, le Sunset, etc. Ça devient beaucoup plus sérieux. » Le groupe se sépare quand ses membres, tous étudiants en médecine, entrent en internat.

Jouer ou guérir, il faut choisir

Alors qu’il a 22 ans, le prestigieux label Barclay lui propose un contrat. Une condition : qu’il arrête la médecine. « Je refuse », se souvient-il, nostalgique. « Je pars faire mon internat à Lille où je fais de la musique en dilettante. Mais je n’arrive pas à faire du jazz, la musique que j’aime jouer. » Il s’y remet de retour à Paris et adopte un nouveau style, empreint de sonorités persanes. Son sextet, Azarine 6, composé principalement de médecins, commence à faire ses preuves.

© V. F.

Arshid Azarine a développé un style de jazz empreint d'influences persanes © V. F.

Le bout du doigt tombe

« En 2011, un producteur me propose de produire un disque solo. Ma carrière professionnelle débute. Malheureusement, lors d’un séjour à Londres, je m’ampute une partie du majeur droit. Le bout du doigt tombe », décrit-il avec humour. La réimplantation est refusée sur place. Rentré de toute urgence en France, il se fait opérer, mais c’est trop tard pour recoller le doigt. Il doit alors travailler dur pour pouvoir rejouer du piano en professionnel. Son majeur est plus court, manque de sensibilité. La douleur est toujours présente. Après six mois de convalescence, il reprend les concerts. Il a appris à faire avec ce doigt « qui lui désobéit », s’amuse-t-il. Il triche en utilisant les autres doigts, il s’adapte. Les prestations s’enchaînent : Strasbourg, Londres, Chicago, New York… et Paris avec une salle comble au New Morning, à l’Alhambra. Il réalise un rêve en mettant en musique le conte persan La Conférence des oiseaux.

 

L’imagerie cardiaque et vasculaire

Entre deux concerts, il s’oriente dès ses études vers l’imagerie cardiaque. « En internat à Lille, je suis un stage de radiologie vasculaire interventionnelle. » Il se prend alors de passion pour l’imagerie interventionnelle cardiovasculaire. « Ensuite, les techniques non invasives, IRM et scanner sont apparues et je me suis trouvé aux balbutiements de cette technologie. J’exerçais alors à l’hôpital européen Georges-Pompidou et je me suis spécialisé en imagerie cardiaque et vasculaire en scanner et IRM », relate-t-il, fasciné par le développement de toute cette imagerie.

Du bénévolat à Kaboul

En parallèle de ses activités humanitaires et musicales, Arshid Azarine trouve le temps de s’investir dans un projet humanitaire, La chaîne de l’espoir. « J’ai été bénévole pour le projet d’hôpital mère-enfant de Kaboul (Afghanistan). J’y ai démarré le service d’imagerie en entraînant nombre de collègues radiologues et manipulateurs pour former nos collègues afghans. Il n’existait plus de service de radiologie dans le pays, seulement quelques manips », explique-t-il avec humilité. Ses efforts aboutissent à la fondation d’une école de radiologie.
Aujourd’hui, ses projets sont nombreux, dans ses deux domaines de prédilection. Côté musique, un nouvel album est prévu pour 2018. Côté médecine, il travaille avec son équipe sur l’imagerie 4D Flow, technique qui permet notamment de mieux évaluer les maladies cardiaques congénitales. « Nous découvrons de nouvelles technologies et redécouvrons la physiologie cardio-vasculaire. C’est très intéressant ! »

Auteurs

Virginie Facquet

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