Rétrospective

Une année radiologique 2020 sous le signe de la COVID-19

Une fois n'est pas coutume, nous avons décidé de nous pencher sur cette curieuse année qu'est 2020, une période inédite fortement marquée par la Covid-19. Au fil des mois, la rédaction de Docteur Imago a traité une actualité radiologique intense.

Le 29/12/20 à 8:00, mise à jour hier à 15:06 Lecture 8 min.

En mars, l'actualité s'emballe pour la première vague de la Covid-19 : nous ne traitons quasiment plus d'autres sujets que celui-ci (ici notre reportage à Antony). © Benjamin Bassereau

Mouvements sociaux en janvier

Le 14 janvier, plus de 1000 chefs de service en France démissionnent, annonce le Collectif Inter-Hôpitaux (CIH). 13 d’entre eux sont radiologues. Ils espèrent ainsi se faire entendre par le gouvernement et trouver une solution à la crise de l’hôpital public. Cette crise touche également les hôpitaux situés dans les départements d’Outre-mer, dont les services d’imagerie médicale. Les manipulateurs radio se mobilisent également le 21 janvier 2020 pour une deuxième journée de grève dans 250 services, après celle du 21 novembre 2019. Outre les revendications historiques, leur colère s’est cristallisée sur le refus de versement de la prime des urgences par certaines directions d’établissement.

Côté médical, la tomosynthèse fait parler d’elle après l’avis rendu par la HAS en novembre 2019, tandis que les gynécologues répondent aux radiologues interventionnels sur la place de l’embolisation dans le traitement des fibromes utérins. Mais c’est surtout la parution des résultats définitifs de l’étude Nelson qui fait l’actualité : ils confirment les bénéfices d’un dépistage du cancer du poumon par scanner basse dose pour les populations à risque.

Un certain coronavirus en février

C’est évidemment l’actualité de l’année qui fait son apparition le 10 février 2020 : nous relatons une étude parue dans Radiology qui présente les examens de scanner thoraciques réalisés chez 21 patients atteints du coronavirus. Si la tomodensitométrie est un élément clé du processus diagnostique, sa sensibilité n’est pas complète et sa valeur prédictive négative est imparfaite, soulignent les chercheurs.

Par ailleurs, plusieurs articles s’intéressent à des applications de l’intelligence artificielle en imagerie cardiaque, pour la tuberculose, mais l’un d’eux rappelle les exigences pour assurer une prise en charge de qualité. 

Le pic de Covid en mars

En mars, l’actualité s’emballe pour la première vague de la Covid-19 : nous ne traitons quasiment plus d’autres sujets que celui-ci. Les premières données concernant l’imagerie médicale sont fragiles. Une étude rétrospective chinoise suggère que le scanner thoracique présenterait une sensibilité équivalente à celle du test génétique de référence pour diagnostiquer la maladie à coronavirus 2019, tout en étant plus facile d’accès et de mise en œuvre. Nous publions un dossier pour rassembler les différents articles publiés, une page spéciale et nous décidons d’ouvrir tous les articles en libre accès. Le 13 mars, nous entamons notre recueil de témoignages auprès des radiologues qui sont confrontés à la première vague, en commençant par l’hôpital Bichat, à Paris. Les premières recommandations sont publiées et le congrès européen de radiologie reporté. La FNMR demande rapidement plus de moyens de protection pour pouvoir travailler dans des conditions sanitaires acceptables. De nombreuses initiatives voient le jour, notamment la mise à disposition de comptes rendus structurés pour les scanners thoraciques. Nous constatons l’arrêt de l’activité dans certains cabinets de radiologie, notamment dû à la pénurie de masques.

On tient bon en avril

Strasbourg, Mulhouse, Montfermeil : les différentes témoignages dans les services d’imagerie médicale indiquent un grand esprit d’équipe dans les différents établissements, mais aussi une certaine fatigue et du stress. Le président du G4 le dit : « Les radiologues restent unis dans la crise ». Les manipulateurs radio, qui sont en première ligne dans cette épidémie, ont le soutien inconditionnel de leur représentant, Fabien Voix, qui plaide pour une meilleure reconnaissance. On découvre en imagerie des atteintes non pulmonaires de la maladie. À Paris, on commence à noter une première diminution des demandes d’examens. les médecins libéraux craignent une « catastrophe financière », alors qu’une baisse d’activité de 50 à 70 % est constatée aux États-Unis. Après plusieurs semaines, les manipulateurs radio se voient enfin offrir la possibilité de récupérer des masques en pharmacie. Et l’activité reprend timidement en ville à la fin du mois.

La reprise en mai

Les données concernant l’imagerie de la COVID-19 se consolident, notamment par le travail de recherche de plusieurs équipes françaises. Toutefois, certaines questions restent encore sans réponse : la date supposée d’apparition du virus sur le territoire français fait la une des médias suite à l’intervention de Michel Schmitt, de l’hôpital de Colmar. C’est le mois de la reprise pour certaines activités médicales qui ont subi du retard, telles que le dépistage du cancer du sein, avec les recommandations qui l’accompagnent. Les premières reconnaissances arrivent, avec la prime exceptionnelle versée aux soignants.  Et les premiers retours d’expérience.

La prudence en juin

À l’approche de l’été, les congrès s’organisent. Les JFR souhaitent réaliser une édition en présentiel assortie d’un complément virtuel, mais se préparent clairement à la possibilité d’une annulation du rassemblement au Palais des congrès. Alain Luciani, son président, accepte notre invitation à la rédaction en chef du magazine d’octobre-novembre 2020. La RSNA a quant à elle opté pour le 100 % virtuel. Les services d’imagerie organisent la reprise des activités, notamment en cancérologie. Qui dit fin de crise sanitaire dit reprise des activités syndicales : Jean-Philippe Masson est réélu à la tête de la FNMR pour trois ans, une nouvelle journée de manifestations a lieu le 16 juin 2020, tandis que les chefs de pôles d’imagerie médicale en appellent solennellement aux politiques réunis en Ségur de la Santé. La Société d’imagerie thoracique, qui a réalisé un colloque en ligne, rappelle l’importance de réaliser des études robustes pour la Covid-19.

Un été européen et virtuel

Le mois de juillet voit l’apparition, pour la première fois, du congrès européen de radiologie en virtuel, en lieu et place du congrès présentiel à Vienne en mars. Nous lui consacrons une édition spéciale. On y parle Covid-19 bien sûr, mais aussi produits de contraste, dépistage du cancer du poumon par scanner basse dose, intelligence artificielle ou avatars numériques. Pour ceux qui n’auraient pas pu suivre le congrès, nous leur avons proposé un récapitulatif. Pendant ce temps, la CNAM mise une nouvelle fois sur la pertinence pour faire des économies, alors que le monde de l’imagerie médicale réclame une augmentation de 10 % des effectifs de manipulateurs radio. Les accords du Ségur de la Santé sont entérinés pendant l’été.

Rentrée pandémique

Après la trêve estivale, il est temps de reprendre cette année avec une pandémie qui menace d’une deuxième vague. Les services d’imagerie semblent prêts à affronter le pire. La crise sanitaire aurait même permis de booster la recherche côté Covid-19 et de mettre en avant le rôle des professionnels de l’imagerie médicale. Toutefois, les radiologues restent dans une situation délicate, notamment les libéraux qui seraient plus vulnérables face à l’anxiété et à la dépression. Les JFR sont transformées en 100 % virtuelles. Docteur Imago s’intéresse au thème phare de cette édition : l’expérience patient, avec un grand dossier publié également sur l’édition papier à la veille de cet événement.

JFR virtuelles en octobre

L’édition spéciale de Docteur Imago à l’occasion des JFR nous permet de rendre compte du programme riche de cet événement. Plusieurs pays racontent « leur » Covid-19, comme la Chine, les États-Unis ou le Liban. Plusieurs avancées et temps forts sont évoqués, notamment les défis de la médecine prédictive en neuroradiologie. L’imagerie dans l’espace est même abordée avec un partenariat entre la SFR et le CNES. En ce mois d’octobre pourtant, les chiffres de l’épidémie se dégradent et les services d’imagerie doivent continuer leur activité dans un flux mixte, entre patients Covid et patients non-Covid, comme en témoigne Nicolas Grenier, chef du service d’imagerie de l’hôpital Pellegrin du CHU de Bordeaux. La FNMR publie un ouvrage sur le rôle des radiologues libéraux dans la crise, tandis que démarre le volet radiologique du Ségur numérique.

Téléradiologie en novembre

Le 5 novembre 2020, Docteur Imago organise une webconférence (disponible en replay) et une édition spéciale sur le radiologue et la téléradiologie. Nous y abordons les nombreuses problématiques sur cette pratique à distance de la radiologie : l’impact de la Covid-19 sur son développement, la question de la qualité des soins associée à ces outils, et les différentes organisations territoriales. La deuxième vague n’est plus un problème majeur pour les services d’imagerie médicale, même si cela reste un défi, à l’image de l’hôpital de Fécamp. D’après les observations, la Covid semble se diluer dans les demandes d’examens scanographiques. Pour finir le mois, c’est le congrès de la RSNA qui débute en virtuel, avec une nouvelle édition spéciale de Docteur Imago.

Article 99 en décembre

La machine de guerre qu’est le congrès de la RSNA propose de nombreux sujets en live ou en replay. On y trouve des sujets sociétaux, tels que le harcèlement au travail, mais aussi des sujets  techniques, tels que le scanner double énergie ou médicaux, tels que le développement du score O-RADS. En France, les discussions et les votes de la loi de financement de la Sécurité Sociale font bondir les médecins libéraux. La LFSS 2021 est votée avec le maintien de l’article 99, contrairement à ce qui avait été annoncé trois ans plus tôt par l’Assurance-Maladie, à l’occasion de la signature d’un accord sur la pertinence avec la FNMR.

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Benjamin Bassereau

Directeur de la rédaction BOM Presse Clichy

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